Factotum

Le travail c'est la santé, adage descendu au pinard par Bukowki à travers Henry Chianski, qui se conforme, lui, à l'origine latine du mot travail, tripalium qui était un instrument de torture. Henry veut être écrivain, mais se saborde et se contente, quand on le garde, de boulots qu'il trouve minables, sauf quand il décide lui-même de partir, et dans les deux cas, encaisser son chèque et continuer à boire, comme il le fait si bien (si mal) tous les jours. Désabusé, fataliste, solitaire, n'aime pas les gens, n'est pas un mec à femmes, mais à priori avec du charme car si il en a baisé quelques unes Il est sale, très sale même, personnage touchant pourtant par sa fragilité et son auto-condamnation à cette vie médiocre et qui s'empêche de réussir comme pour aller contre la vision de son père qui voit une vie réussie à travers un "travail" pleinement prenant qui occupe le cerveau au-delà de son cadre mais qui n'arrive pas à accomplir son "rêve désespéré", car il n'a aucune motivation, presque, et souvent à ras le sol quand il y pense. Un style hors normes, des nouvelles plutôt qu'un roman, des moment drôles et des vrais moments de réflexion, des mots crus, des mots sales, la vérité, la vie...et j'aime sa façon de clore chaque chapitre, clac, on entend comme un coup brutal à chaque fin, une petite mort.

Je n'ai pas trouvé d'intérêt à ce livre que j'ai vite abandonné.

Ayant beaucoup apprécié "Souvenirs d'un pas grand chose", je me suis lancé dans cette lecture avec impatience et intérêt. J'ai retrouvé ce pourquoi j'aime Bukowski : des formulations crues au service du récit d'un mode de vie dégueulasse. Cependant, à quelques détails près, un cycle très répétitif prend place sous la forme des chapitres, ce qui m'a rendu parfois la lecture un peu fade. Ainsi, je déconseille ce livre comme entrée dans l'univers de Bukowski (et je conseille fortement de commencer par celui que j'ai cité plus haut). Toutefois, si vous appréciez déjà le style de l'auteur alors vous ne serez ni dépaysés ni déçus.