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Résumé
Le 4 octobre 1994, radios et télés rapportent un fait divers d'une extrême brutalité. Deux jeunes gens, Florence Rey et Audry Maupin, viennent d'attaquer la préfourrière de Pantin pour voler des armes. Place de la Nation, le taxi à bord duquel ils s'enfuient percute une voiture de police. Fusillade. Course poursuite. Cinq morts et cinq blessés en moins de trente minutes. Coup de folie ou opération terroriste ? Le visage d'ange paumé de Florence Rey devient une icône cathodique instantanée, symbole de la violence et de la confusion idéologique des temps. Les médias invoquent l'influence de films ultraviolents comme le Tueurs nés d'Oliver Stone. On présente Rey et Maupin comme des Bonnie & Clyde de la terreur, des nihilistes délirants, alors qu'en réalité leur parcours épouse celui de tant d'enfants des classes moyenne et ouvrière en rupture avec un modèle de société de plus en plus brutal et matérialiste... Dix ans plus tard, Chantal Montellier rouvre le dossier et suit les pistes négligées à l'époque, y compris celle, évoquée à mi-voix par certains médias, du troisième, voire du quatrième homme. Son travail, vibrant de sincérité, jette une lumière neuve sur une affaire emblématique de notre histoire récente. Et par-dessus tout cela, flotte l'inoubliable visage de Florence Rey, le soleil noir de son regard. Chantal Montellier apparaît dans la peinture en exposant au Grand Palais au début des années 70. Puis elle se consacre au dessin de presse et à l'illustration, avant de se centrer sur la BD. Premières publications dans Charlie mensuel. En 1976, elle crée pour Ah ! Nana le brigadier Andy Gang, as de la bavure, et devient un pilier de Métal Hurlant, où elle donne ses premiers albums importants. Ses incursions chez d'autres éditeurs, ses recherches graphiques chez Futuropolis, l'établissent comme une créatrice originale, guidée par les idées de justice et de liberté, combattant l'oppression sous toutes ses formes - sociale, politique, sexuelle. Après quelques années à animer des ateliers de création dans les quartiers en difficulté et les prisons, elle revient en 1997, avec un roman fulgurant pour la série Le Poulpe. La récente réédition de sa trilogie la plus visionnaire (Wonder City,, Shelter, 1996) sous le titre Social Fiction l'installe à la place qui lui revient de droit, celle d'une classique contemporaine dont rien n'est parvenu à dompter les ardeurs combatives.