Là-bas, août est un mois d'automne

Avez-vous déjà écouté un livre ? Celui-ci ronronne. Comme un chat, il s’installe sur un coussin près du feu ou au soleil sur la margelle devant la maison et il vous raconte. Il vous raconte une vie qui n’existe plus où le temps prenait le temps de s’écouler. Il va vous parler du goût et de l’odeur des saisons, des couleurs changeantes au gré du temps, de ces mille bruits infimes écrasés par la chaleur ou le froid. Il va vous dire des noms que vous allez oublier, mais qui l’espace d’un instant vous auront ouvert les yeux sur une nature, une faune trop souvent perdues. Il vous ouvre les portes d’une maison chargée par le temps de souvenirs, de vies, de mémoire. Une maison où il y a plus de tiroirs que de jours dans l'année. Ici, vivent deux êtres hors du temps, un frère et une sœur, aussi rêveurs l’un que l’autre. Il écrit, quand le jardin et ses escapades lui en laisse le temps. Il fixe sur la pellicule des paysages, des corps, une ruralité qui tend à disparaître. Elle rêve aussi mais davantage vers le futur. Elle se passionne pour l’univers et ces voyages dans l’espace. Il écrit des poèmes, elle s’occupe de la maison veillant à ce chaque chose soit à sa place. Elle sait la fragilité de son frère. Elle le protège en silence. Il sait que sans elle il ne ferait pas grand chose. Il l’admire sans le lui dire. Leur vie s’est installée ainsi, naturellement. Un arrangement qui sied bien à leur tempérament. Un très joli roman où la plume se fait pinceau. Par petites touches, le tableau se met en place. Un tableau suranné aux couleurs qui s’estompent. Les détails se floutent. Le chat s’endort. Le livre se referme. Un livre simplement beau. Une parenthèse hors du temps.