American psycho

Il existe des romans connus du monde entier pour leur grande popularité, leurs belles histoires, leurs belle morale ou leurs personnages attachants et inoubliables. Puis il y a les romans coups de poing en pleine face, et essaye de te relever après ça. American Psycho fait partie du second groupe. Il n'y a aucun personnage pour qui vous ressentirez une quelconque empathie dans ce livre. Toutes ces personnes sont d'une superficialité telle qu'aucune accroche n'est possible... et c'est génial ! Pas de bruns, pas de blondes, mais des montres de luxe et des robes de grands couturiers. Bienvenue dans le monde animal de Wall Street, profitez de ces heures d'observations, ces traders insipides ne désirant que récolter plus d'argent pour s'acheter la dernière voiture rallongeant considérablement le manque de taille dans leurs pantalons, ces femmes à leurs bras toutes plus plastifiées et parfumées les unes que les autres. Nul doute que Patrick Bateman commette (vraiment ?) tous ces massacres pour ressentir un petit peu de vie. Vous savez quoi ? Ce livre est comme un bon documentaire sur la chaîne franco-allemande. C'est une vie sauvagement luxueuse. Des jaloux ? Après cette lecture on a envie de plaindre ces gens pour qui l'argent et le paraître est une drogue. Ce livre est une purge ? Oui sûrement, mais qui réussirait à créer un livre plaisant d'un monde si plat ? Ce livre est nécessaire pour montrer à quel point nous ne manquons rien loin de cette jungle.

Je vois beaucoup de commentaire disant ne pas avoir aimé parce que le livre est beaucoup trop descriptif. Mais c'est justement le but et l'intérêt du roman. Le lourd et le repetif perment de créer une atmosphère aseptisée, de montrer l'inhumanité du personnage (en réalité de la société). Personnellement j'ai eu beaucoup de mal à le lire à cause du côté trop descriptif, où il ne se passe rien mais c'est justement ce côté là qui fait de ce roman un chef d'œuvre et non pas juste un roman d'un mec qui tue des gens. L'histoire est beaucoup moins importante que l'écriture c'est l'écriture qui permet de faire passer le message. L'auteur arrive à rendre des scènes de vie quotidiennes aussi (voire plus) terrifiante/malaisante que les scènes de meurtres...

Hop, celui-là va directement dans la catégorie "glauques". Immensément curieux après la claque Lunar Park, je dois dire que mes attentes ont vite été calmées. On comprend le style dès l'incipit, on voit que c'est l'accumulation qui va faire le texte. Et si à certains moments, ça peut fonctionner et donner la nausée, ça reste une liste de listes. Je comprends la démarche qui veut décrire les personnages par les marques qu'ils arborent, les lieux par les gadgets et les œuvres d'art, les repas par les menus, ou encore l'humeur d'un dérangé d'après son écoute musicale. Mais tant de détails lassent très vite, c'est certes pesant pour l'atmosphère mais ça l'est davantage pour ma lecture. Rendez-vous manqué avec Patrick Bateman encore que ses facéties morbides m'ont bien arraché la grimace. Le bonhomme terrifie parfois, mais fait rire aussi, du rire jaune, mauvais, regrettable, alors difficile de savoir à quoi s'en tenir... Peut-être une figure du sadique à la hache des années 90 mais je n'irai pas jusqu'à dire intemporelle. L'auteur ne l'iconise pas vraiment dans son œuvre, est-ce que le film a fait que ? Aucune envie de le voir, du coup. Ça n'a rien d'un torchon mais clairement, pour moi c'est non.

L'enfer enfermé dans un livre. Un sommet de la littérature contemporaine.

Bateman est misogyne, raciste, homophobe et méprise les pauvres. Mais qui est-il vraiment ou plutôt à quoi veut-il ressembler ? Il décrit avec exactitude les marques et habits de ses collègues; de la monture de leurs lunettes jusqu’aux modèles de chemise qu’ils portaient la veille à leurs dîners dans les restaurants les plus chics de l’Upper. Pourtant il ne connaît pas leurs prénoms ou du moins s’en rapproche éventuellement d’une syllabe. Il aimerait rentrer dans le moule, il veut impressionner le monde et montrer qu’il vaut mieux que les autres… ou peut-être n’est-ce qu’une façade. Ce qu’il veut Bateman, c’est être aimé, écouté, ce qui semble assez banal comme envie mais lui aimerait ressentir quelconque émotion en lui, autre que celle qu’il ressent en croisant cette affiche des Misérables de Victor Hugo qui le toise dès qu’il quitte son spa ou sa table du Dorsia. Cette affiche il la remarque, une des rares choses qu’il remarque en dehors de la nouvelle paire de J.M. Weston de son collègue, car elle lui rappelle son mal-être profond. On sent d’ailleurs un changement mental drastique en lui dès lors qu’il la croise cette affiche, on sent qu’il aimerait ne plus la voir. Pour extérioriser, il tue, viole, mutile toutes ces personnes qu’il n’aime pas, qui ne l’aiment pas, qu’il jalouse, qu’il rejette, qu’il hait de tout son coeur mais au fond pas plus qu’il ne se hait lui même. Puis après un certain événement, une once d’empathie va être ressentie par Bateman et va sembler le délivrer alors qu’au final elle lui fait réaliser qu’il est lui-même son propre mal-être et qu’il est déjà trop tard. On assiste ensuite à la destruction du personnage, entre folie et manie, puis le doute est en place, est-ce que tout est réel ou imaginé dans les méandres de son cortex ? Au lecteur d’en décider…