L'unique objet de mon regard

Une couverture comme le ciel et la mer qui fondent l'un dans l'autre, un titre évocateur qui sonne comme un absolu et une maison d'édition découverte récemment. Dans son premier roman, Aurélie Lacroix fait le récit non linéaire d’un amour absolu, d'une relation amoureuse, puissante, chaotique et destructrice entre deux jeunes femmes qui se rencontrent en pleine adolescence. Ce récit nous mène durant 15 ans entre emprise et passion jusqu'à l'ultime rupture et à l'effondrement de la narratrice. L’écriture apparaît alors comme un moyen de graver les souvenirs et de les mettre à distance, de donner un espace propre à l'histoire. Tout au long de son récit, elle est accompagnée par les êtres chers de sa vie, sa tante, ses neveux, et par les artistes qui la nourrissent et la consolent comme Sophie Calle ou Joan Didion. Aurélie Lacroix décrit avec sensibilité et sincérité le chaos intérieur, la vulnérabilité, la détresse, la souffrance. J'ai été particulièrement touchée par le récit que l'autrice fait de la dépression qui est encore un tabou en France, un aveu de faiblesse. La complexité à mettre des mots sur son propre état de détresse, la difficulté à demander de l’aide, à avouer son état et la force qu'il faut pour se relever. C'est très juste. À ne pas lire si l'amour pour vous c'est compliqué en ce moment et encore moins si vous êtes dépressifs. Attendez d'aller mieux pour le découvrir et alors peut-être qu'il vous fera du bien.