Belleville story

Il ne parle pas trop. N'aime pas trop les gens. A le coup de poing facile. Les nerfs qui lâchent souvent. Se croit seul, sans attache. Se pense égoïste et individualiste. Il a poussé sa position à l'extrême. Façonné autour de lui des attaches qui le maintiennent dedans. Des sales types. Des roublards. Des petites frappes. Lui, s'exécute. Bêtement. Pour tirer de quoi vivre mieux. De quoi vivre tout court même. Il va se retrouver embarqué dans une histoire qui le dépasse. Car ça réveille le fond de lui. Car ça lui démontre qu'il n'en a pas rien à foutre des autres. Que parfois rendre service, c'est gratuit. Juste pour le plaisir, si c'est pour le bien des autres. Que tout ne se monnaye peut-être pas finalement. Freddy va entrer dans la nuit la plus longue de sa vie. Sur un coup du sort. La mauvaise place au mauvais moment. Ou alors était-ce la bonne finalement ? Car il aime lui aussi. Même si ça ne fait pas viril de l'assumer. Lui aussi, il veut se barrer avec elle. Loin de toutes ces merdes. Pour être enfin seuls à décider d'eux-mêmes. Sans les autres autour. Sans les dettes de vies. Les dettes d'ennuis. Dans ce polar très noir, Arnaud Malherbe nous relate les tréfonds parisiens où les trafics en tous genres pullulent. C'est crasseux à souhait. Multiethnique, à l'image de ce quartier où tout bouillonne, de la vie joyeuse au pire des plans foireux. Les dessins de Vincent Perriot sont sublimes de détails, de monde partout, de mouvement et de vitesse. On est pris nous aussi dans la folle course de cette nuit sans fin et c'est particulièrement réussit. Parfois, c'est bon de ne rien dire lorsqu'on ne sait pas trop à quoi se fier, lorsqu'on ne sait pas quoi espérer pour l'avenir. Mais quand c'est le cas, il faut le hurler, tout rameuter, faire ce qu'il faut quitte à y laisser les plumes de nuits sans sommeil. On se révèle dans la difficulté aussi. Et alors tout peut commencer.