Relation

La littérature sur les ex compte des beaux jours devant elle. Aujourd'hui, on dit souvent "relationner" plutôt qu'être en couple ou fréquenter quelqu'un. En déréglant les paramètres traditionnels, ces nouvelles manières d'être ensemble apportent aussi leur lot d'incertitude. Quelle responsabilité a-t-on envers un amant ? Quel droit lui octroie-t-on ? Quelle place pour lui dans son appartement ou dans la galerie de son téléphone portable ? À quel moment son statut lui permet-il les reproches, les attentes, l'infidélité ? Sans verser dans les théories foireuses, Alexis Alvarez s'en tient à une narration fragmentée, mais qui ne s'éparpille pas. On suit un narrateur expatrié à Madrid pour compléter une thèse se remettre d'une rencontre avec un garçon dont le statut ne sera jamais clarifié, dont le nom ne sera jamais donné, mais dont l'absence troue chacune de ces 78 pages. Une passion unidirectionnelle où les marques d'affection côtoient les marques publicitaires et les détails intimes s'égrènent comme des chapelets. Lu à toute vitesse, ce roman fait preuve d'une belle et rare qualité qui est celle de l'authenticité, en se prenant parfois les pieds dans la langue. D'une douceur folle et par moments très marrant, il touche sa cible : le cœur.