La popularité de ce livre sur Gleeph
Résumé
Comment expliquer la fascination qu'exerce, sur ceux d'entre nous qui viennent à le connaître, l'ancien monde aztèque de Tenochtitlén, la capitale mexicaine qui devait tomber aux mains de Cortés ? Exotisme ? Bien sûr. Masques de jade, coiffures de plumes, femmes semblables à de précieux oiseaux des Tropiques, pyramides aiguës et terrasses couronnées de fleurs, rythme lancinant des flûtes et des teponaztli : autant de philtres, qui nous entraînent, comme jadis les champignons sacrés et le peyotl, dans un univers de rêve à jamais disparu. Mais ce n'est pas tout. Attrait un peu trouble que ressent le civilisé occidental face à une autre civilisation, à une autre conception de la vie ? Oui, certes. Comment ne pas nous interroger face à une culture qui juxtapose la poésie la plus délicate et une éthique raffinée avec le vertige de la mort, le sang répandu à profusion dans les sanctuaires, le symbolisme macabre de l'art religieux ? De cette confrontation naît une réflexion plus profonde sur nous-mêmes, si différents de ces hommes-là qui pourtant sont nos frères et, d'une certaine façon, nous aident à nous révéler à nous-mêmes. Mais ce n'est pas tout. Ce qu'apporte le récit d'Alain Gerber, si pénétré d'une intime connaissance, c'est sans doute la clé, ou en tout cas une des clés, de ce monde si gracieux et si violent: la tension permanente entre les deux pôles que symbolisent le Serpent à Plumes, héros civilisateur, inventeur des arts et de la sagesse, et le ténébreux Tezcatlipoca, divinité astrale et guerrière. A travers mille incidents conformes à ce que nous savons de la vie quotidienne des anciens Mexicains, c'est cette structure fondamentale qui sous-tend l'existence du principal personnage. Avec une sûreté étonnante, Alain Gerber a su faire revivre pour nous ces hommes et ces femmes de la lointaine Amérique indienne. Jacques Soustelle