Le ventre de Paris

Difficile de ne pas être dithyrambique avec Zola. J’ai commencé la série des Rougon-Macquart depuis le début d’année. Ce troisième roman, très différent des deux premiers, est d’une qualité exceptionnelle. Vous pensez que la description en long et en large de l’ancien marché des Halles peut être ennuyeuse? Que nenni! Ce sont toutes les passions et les rancœurs qui se déchaînent entres les fruits, les légumes, les poissons, la volaille... À lire absolument

Florent Quenu, injustement accusé d'avoir participé aux émeutes contre l'empire, revient à Paris après un séjour au bagne de Cayenne. Il est pauvre, sans rien et découvre un quartier des Halles en pleine effervescence où la nourriture s'y trouve en abondance: l'écriture de Zola a ce pouvoir de nous transporter dans les rues de Paris, ses odeurs, ses couleurs, ses bruits. Quelle surprise pour Florent qui a toujours vécu sobrement et misérablement.. Il retrouve son jeune frère marié à Lisa et propriétaire d'une boucherie prospère. Florent, de par sa maigreur, son désintérêt pour la nourriture, l'argent et les profits, intrigue, interpelle les habitants du quartier, dont les appétits règnent en maître. En effet, idéaliste et naïf, Florent préfère rêver d'une autre société. On retrouve une nouvelle fois dans ce tome 3 des Rougon Macquart la destinée tragique d'un personnage victime du Monstre, qui tente en vain et malgré tout de lutter contre le Progrès et la société de son temps.

Roman hyper olfactif, « le ventre de Paris » va te donner des descriptions jusqu'à la nausée de ce trop plein de nourriture, d'odeurs et de textures. Zola, comme à son habitude, et c'est là tout son talent, se sert de son décor pour faire avancer son action, aucune description n'est là par hasard ou pour faire de la figuration. Chaque étal des halles de Paris est le reflet des personnages qui tiennent l'affaire et c'est vraiment malin de revoir ce texte avec cette lumière là. Ce troisième tome des Rougon-Macquart met en scène Florent, tout juste rentré du bagne et trouvant refuge dans sa famille qui tient la charcuterie des Halles. Comme dans la fortune des Rougon, ce sont les femmes qui tirent les ficelles du quotidien pendant que les hommes s'occupent de la politique et des révolutions de l'époque. Les halles donc, décrites comme le ventre de Paris, véritable personnage ventru qui mange tout et trop. C'est le véritable protagoniste de ce roman, un monstre dévoreur tentaculaire qui tient dans ses filets grouillants de victuailles tout un système économique, social et politique. Ces personnages gras qui vivent au milieu de cette opulence, c'est encore un moyen pour Zola de dépeindre cet "égoïsme bourgeois" (ses mots), dont la rumeur devient le rouleau compresseur d'une tragédie quasi annoncée. La petite pépite : les prénoms et noms des personnages, porteurs de sens et de clins d'œil, mais ça serait presque l'objet d'un commentaire poussé et j'ai plus de place. Je n'ai qu'un regret : ne jamais avoir étudié Zola à la fac. Mais la bonne nouvelle, c'est que dans deux Rougon-Macquart, je retrouve l'assomoir, et je pense que je vais me payer le luxe de le lire une sixième fois (absolument meilleur roman de ma vie). Je crois que c'est à Zola que je dois mon goût pour les objets et la littérature du XIXème siècle. #passionzola #emilezola #leventredeparis #rougonmacquart #litteraturefrancaise #litteratureclassique #naturalisme #19eme #avislecture

La grande littérature classique française fait partie de notre patrimoine national culturel. Des œuvres magnifiques.

Affriolant