Ma vie de cafard

Écriture incisive, l auteur interroge la nature du lien familial et l ecartelement entre le sens de la justice et la loyauté à son clan

Avec un tel rythme de production, on s'attend à ce qu'un jour un livre de J C Oates soit décevant. Ce ne sera pas encore celui là. Dans un Amérique dure, où la tolérance entre communautés ne tient qu'à un fil, une jeune fille, témoin du meutre d'un jeune noir par ses frères, finit par les dénoncer. Elle devient alors le cafard d'une famille, d'une communauté, celle qui a dénoncé. Rejetée par sa famille, élevée par une tante éloignée, elle espérera toujours le pardon de ceux qu'elle a trahis.

Dans l'Amérique des années 50, Violet est une jeune fille innocente de 12 ans. Elle commet la "faute" de dénoncer le crime raciste de ses frères aînés. C'est la chute, elle quitte le paradis de l'enfance pour le monde des adultes, seule, exilée, abandonnée. J'ai aimé l'originalité de l'énonciation du récit, la narratrice dialogue avec elle-même, les voix des personnages s'entremêlent et l'autrice réussit à nous embarquer dans les méandres de la vie psychique de Violet. C'est un roman intime sur la culpabilité, la solitude, la famille mais aussi social, où l'on questionne la place des minorités (noires, féminines). C'est intense, tragique. On n'en sort pas indemne.

Premier roman que je lis de cet auteur et j'ai beaucoup aimé. Cette petite fille qui est rejetée par sa famille m'a bouleversée.

Encore un grand livre de cette puissante auteur qui décortique les tréfonds de l'âme humaine et trouve toujours un prétexte à camper les travers d'une certaine Amérique. Livre puissant !