La Cour de l'Hiver

Des fées, un décor hivernal, de la sororité, le tout sublimé par une couverture de la très talentueuse Anouck Faure ? Il ne m’en fallait pas plus ! J’ai foncé, et j’ai bien fait. C’est doux, c’est une lecture doudou, en même temps c’est froid, c’est plein de beauté aussi. La vraie, celle qui se tapit sous la peau, qui bat au rythme du coeur et transcende les miroirs. Si j’ai adoré La Cité Diaphane, qui montrait qu’il y a du beau dans le monstrueux, La Cour de l’Hiver fait totalement l’inverse en nous faisant voir la laideur cachée derrière la beauté de façade. Le résumé de ce roman ne laisse pas deviner grand chose de l’histoire qui se tisse au fil des pages, et c’est tant mieux. Au début, j’ai été un peu frustrée : « bon, elles arrivent quand, ces fées ? » Et puis j’ai fait connaissance avec Aurore, l’héroïne, ainsi qu’avec sa soeur de coeur, la tendre Csilla. J’ai arrêté d’attendre les fées. Je ne veux pas trop en dire pour ne pas spoiler - je pense que ne rien savoir de l’histoire et des thèmes qu’elle abordait a participé à la magie pour moi. Au-delà de l’esthétique du roman que j’adore (surtout les décors à la Reine des Neiges vers la fin), c’est vraiment le voyage intérieur de l’héroïne qui m’a transportée. C’est une histoire qui emprunte beaucoup aux contes, mais d’abord une histoire d’identité, d’intimité, d’amour, de femmes, d’amour entre femmes, de femmes qui se soutiennent, qui s’aiment. Les unes les autres, et elles-même. Au final, la véritable magie était là depuis les premières pages… seulement pas là où je l’attendais.

❄️Ce roman est à mon sens une découverte particulière, tant il est difficile de le classer dans une catégorie seule. Si on commence sur du contemporain, avec le personnage de Mickaël, qui va apprendre à se découvrir lui-même au cours d'un échange épistolaire, le fantastique va prendre le pas, pour nous emmener dans un monde féerique autant angoissant que fascinant. J'ai vu peu de romans s'affranchir autant des règles de genre tel que le fait Morgane. ✒️Les thèmes abordés sont nombreux et m'ont beaucoup touchée, comme la découverte d'identité, le questionnement de genre, la sororité, l'amour sapphique et la sexualité. Ce récit, own voice, est déroutant de réalisme, avec des personnages maladroits mais attachants. C'est plaisant de voir un récit sur la transition de genre aussi doux, rempli de soutien et de bienveillance. Difficile d'en dire plus sans rentrer dans le cœur de l'histoire, mais assister à l'avènement et l'aurore de Mickaël m'a fait beaucoup de bien à lire. Oh et, on a tous.tes besoin d'une Csilla dans nos vies ! 🥀La partie fantastique est remplie d'embûches, et les références aux contes de fées ne sont jamais loins. Si vous aimez les histoires de Fae à la Prince Cruel, mais également le contemporain et les relations sororales, si vous êtes indécis.es ou voulez découvrir de fantastique, ce roman atypique est fait pour vous ! 🖤J'aurai aimé vous parler de ce roman dans un contexte plus joyeux. En effet, la maison d'édition Noir d'Absinthe a annoncé fermer ses portes, et je suis profondément touchée par cette nouvelle. Je l'ai rencontrée grâce à un festival et la diversité de leurs titres en termes de genre de l'imaginaire est incroyable. J'ai pu découvrir des auteurs.ices français.es de talents, comme Magali Lefebvre avec son roman Bad Queen, que j'ai lu l'année dernière. Ici, c'est la plume de Morgane qui a su m'enchanter. Merci infiniment à Noir d'Absinthe pour leur confiance durant ces 2 annees. Leurs titres sont encore disponibles jusque fin février, en papier et en numérique. Note : ⭐⭐⭐⭐✨/5