Plateau

Virgile et Judith vivent à Plateau. Vieux couple de paysans, un amour indéfectible les unis. Ils ont élevé Georges, leur neveu, installé dans une caravane en face de chez eux. Et puis un jour, arrivent Karl, un boxeur déchu qui vit avec ses démons et Cori, la nièce de Judith, à la beauté troublante. Ils tentent de cohabiter avec leurs non-dits et leurs secrets. La mort rôde tout comme ce chasseur qui les épie. Le décor. Un hameau de Haute-Corrèze et un peu à l’écart, comme oublié du monde le Plateau. La vie y est rude comme les hommes et le temps semble s’y être arrêté. Les hommes. Il y a ceux qui sont là depuis toujours. Des taiseux. Des êtres taciturnes avec des rancœurs et des secrets devenus trop lourds. Et puis, il y a ceux qui ont échoué là parce que la vie ailleurs n’est plus possible. Des êtres cabossés et qui tentent désespérément d’oublier. Oublier ce qu’il ont vécu, ce qu’ils ont fait. Ils vont chambouler cet univers sans vie, le gangréner, et le faire exploser avant qu’il ne retourne dans l’oubli avec d’autres secrets. Franck Bouysse nous entraîne dans cet univers avec une écriture magistrale. Il enveloppe de tendresse ses personnages, détaille cette nature ingrate jusqu’à nous la faire aimer. Un roman bouleversant, sombre et d'une cruelle beauté...

Un roman âpre et dur comme cette terre et la nature du plateau de Millevaches. Une famille de taiseux avec des non-dits et des secrets. plus qu’un livre ou une histoire c’est une atmosphère que nous livre Franck BOUYSSE et c’est toute la beauté de ce roman.

Je retrouve avec plaisir l’écriture typique de cet auteur : c’est râpeux, c’est rugueux mais étonnamment, comme un paradoxe, extrêmement poétique… une ambiance lourde, poisseuse à laquelle participe la nature environnante, une nature qui tient une place importante dans le roman. Un monde de taiseux, englués dans leurs secrets, un monde parfois bestial nourri de violences plus ou moins contenues, un monde de désirs aussi. Une atmosphère inimitable… addictive…qui vous emporte jusqu’à la dernière page …

L’écriture est calquée sur le plateau des Millevaches : naturellement sauvage, rude, perdue au milieu de pas grand chose… Début très lent sans ornement comme la vie sur place. Comme un huis clos. Fin chaotique qui nous laisse sur notre faim. L’imagination en suspens !

Ce livre est présenté comme un livre policier mais c'est plutôt un livre noir, sans police ni justice. Juste une histoire de solitudes sur un plateau éloigné de toute civilisation. Quelques âmes y restent où y viennent pour oublier, disparaître. Mais le chasseur, le passé rôdent et tentent de détruire le fragile équilibre que cette petite communauté construit peu à peu, dans la douleur, les silences, les mensonges parfois. Dans ce paysage désertique, la langue est riche, sinueuse, précise jusqu'à l'encyclopédisme parfois. La menace qui pèse sur tout un chacun, comme un orage qui hésite à éclater, interdit de poser le livre avant la dernière page. Comme un livre policier finalement, d'où toute police serait absente.