La petite fille sur la banquise

Pourquoi lire ce livre ? Peut-être parce qu’en France on estime qu’1 enfant sur 5 est victime de violence sexuelle. Alors, quand l’un d’entre eux parle on l’écoute, quand l’une d’entre elles trouve les mots qui "renouent, relient et réparent (...), pansent, redressent ", on prend sur soi et on la lit. «Je ne suis pas folle, je ne suis pas vile, je ne suis pas faible, je ne suis pas violente. Simplement, un jour de Mai, un homme m’a prise et il m’a dévorée» Certes terriblement éprouvant de lire Adelaide Bon, violée à 9 ans, mais assurément moins que de vivre les épreuves décrites, les plus de 20 ans de stress post traumatique, les, je cite, 226 séances de thérapie individuelle, 39 séances de thérapie de groupe, 21 journées de constellations familiales, 146 séances de yoga de la voix, 118 séances de thérapie corporelle, 58 cours de Méthode Feldenktais et j’en passe... .

Le sujet est dur, mais la plume d'Adélaïde Bon nous entraîne dans ce récit autobiographique plein de résilience. Une perle qui cache de nombreux outils pour mieux comprendre les psychotraumatismes liés à la pédocriminalité, une autrice lucide et tendre à la fois.

Résumé : Quand Adélaïde avait 9 ans, elle a croisé la route d’un pédocriminel sexuel. Agressée dans la cage d’escalier de son immeuble, le choc est si terrible qu’elle va partiellement oublier les faits. En la voyant en larmes, ses parents comprennent qu’il s’est passé quelque chose d’horrible et l’emmènent immédiatement au commissariat porter plainte pour attouchements sexuels. La petite fille grandit et devient une femme très perturbée, malgré le sourire toujours scotché à son visage. Vingt-trois ans après les faits, elle reçoit un appel de la brigade des mineurs : un homme a été arrêté, son ADN correspond. Mon avis : Dans ce témoignage poignant, j’ai été choquée du nombre de victimes de ce prédateur. Comment a-t-il pu impunément abuser de fillettes pendant plus de 20 ans, usant toujours du même mode opératoire, sillonnant les mêmes quartiers ? Quand je pense qu’il aura fallu attendre une bête rixe entre voisins afin de pouvoir obtenir et comparer son ADN... ça me dépasse. Adélaïde est extrêmement forte. Elle se bat afin de comprendre, afin d’aller mieux. Elle ne lâche pas. Recouvrant la mémoire morceaux par morceaux, année après année, pour découvrir l’horreur qu’elle a subie. Utilisant des métaphores très poétiques tout au long de son récit pour expliquer à tous ce qu’elle a ressenti pendant des années. Cette femme m’a émue. Elle a eu le cran d’assister au procès de son bourreau, pour toutes celles qui n’en ont pas eu le courage. Elle n’était pas seule bien sûr, plusieurs femmes ont également eu ce courage. Être victime n’est pas honteux, même si c’est extrêmement difficile de s’en convaincre.

Un témoignage fort, touchant. Une écriture poignante qui m'a fait verser une larme. Qu'est ce que le viol pour la plupart des gens? Comment les victimes sont-elles perçues ? Et qu'est-ce qui en découle pour elles? Ce témoignage nous montre l'envers du décor et ça fait mal.... Parfois quelques longueurs, mais que finalement on oublie vite tellement cet écrit est empreint de sincérité, de douleur, de courage.

Que dire de ce livre… Il est tellement puissant et bouleversant. J’ai adoré le lire malgré le fait qu’il soit très dur.