Il n'y aura pas de sang versé

1868. 4 jeunes femmes, encore des filles, se rendent à Lyon pour essayer de gagner leurs vies en étant ovalistes dans les ateliers de soierie. Mais à la misère et la pénibilité s'ajoute l'injustice salariale, Italiennes moins payées que les Françaises, elles-mêmes moins rémunérées que les hommes pour la même tâche. 12h de travail quotidien, logements insalubres, et la mélancolie qui devient de la colère. Rien n'aurait dû les rapprocher, et c'est la révolte de juin 1869 qui va faire converger les destins. Il n'y aura pas de sang versé. Et pourtant, chaque chapitre commence dans le sang pour Toia, Marie, Clémence et Rosalie. Le sang utérin des femmes, le sang des blessures, le sang des violences. Le sang a déjà été versé pour les femmes. Si le roman s'ouvre sur l'explication de la course relais qui semble un peu WTF sur le moment, cette course prend son sens au fil des pages. Ces femmes, qui courent en rond, s'indignent comme on accélère, se résignent mais pas complétement dans cette course folle à la justice sociale. L'écriture de M. Desbiolles est nerveuse et circulaire elle aussi, on suffoque par moment dans cette valse qui entremêle les femmes d'hier et d'aujourd'hui. L'étymologie tient une place importante dans le récit, il y a le fait, le mot employé, son origine qui en dit autant voire plus que la narration elle-même, et on retourne au point de départ. L'écriture, comme la vie, faite d'allers et retours, tous ces non-choix qui déroulent une fatalité implacable. J'ai encore la tête qui m'en tourne, une sensation de sororité et d'injustice qui m'englobe complètement. J'ai pensé à "Dans le désordre" de Marion Brunet. Les années et les époques ne font rien face aux grandes idées, aux envies de meilleurs et à la rage au cœur du jeune âge. Même si la désillusion fait partie du jeu. @sabinewespieserediteur #marylinedesbiolles #litterature #litteraturefrancaise #revolte #lyon #avislecture #bookstagram

Nous sommes à une époque où les femmes ovalistes gagnent moins que les hommes pour les mêmes tâches. À travers 4 femmes, on va suivre le mouvement de grève qui s’installe, le premier. L’autrice met en parallèle la course de relais pour mettre en lumière ces 4 femmes. D’une plume poétique et précise, l’autrice nous raconte un fait historique peu connue du tout public. Une histoire que je connaissais pas mais que l’autrice met en avant ici. J’ai parfois eu du mal à suivre, je me suis un peu perdue dans cette lecture pourtant courte. Mais le sujet est vraiment intéressant et vaut le coup de le lire.