Tout le bruit du Guéliz

J'ai retrouvé dans ce portrait de la grand-mère une douce mélancolie. Il y a dans son obstination une envie de recoller des morceaux. Elle retient des fragments, non, elle s'accroche à des fragments. Elle ne dit rien, elle fait passer les mots. Ça grouille. Ça crépite. Ça voyage. Et finalement c'est très bruyant. Or, c'est peut être cela, ce bruit qu'elle entend - LE BRUIT - un grondement éternel de ses émotions. Sa tête est un capharnaüm où le passé ne veut guère s'ordonner. On veut cerner cette dame âgée et ses habitudes, mais on lit ce roman avec l'effroyable impression de ne pas réussir à comprendre son cœur car je crois qu'on désire ardemment être au plus proche de cette femme, de son âme et de son histoire. Finalement, on comprend plusieurs choses qui resteront perchées dans notre mémoire comme ce zeste de citron posé au bout de la langue. Pour son premier roman, Rubben Barrouk met la barre très haute. J'ai hâte d'assister à la suite de son chemin. 🌟🌟🌟/

Cette quête témoigne de manière tendre et poétique du poids culturel et historique d'un peuple perdu, représenté par sa grand-mère vivant seule et isolée à Gueliz.

Alors que la grand-mère est hantée par un bruit qui lui en fait perdre le sommeil, mère et fils quittent Paris et s’envolent la retrouver à Marrakech. Ce séjour est un voyage mélancolique. On y lit la douce nostalgie des souvenirs d’enfance. La grand-mère fait figure de dernière juive de Marrakech. Elle vieillit et craint la fin d’une époque. Il est question d’héritage séfarade, de mythologie et de saints. Le bruit devient le prétexte d’un double pèlerinage, sur les traces d’un passé familial mais aussi du passé de tout un peuple. La plume de Ruben Barrouk est belle. Il est particulièrement doué pour les descriptions. Il m’a emportée et émue. Je voyais cette grand-mère s’affairer. J’imaginais ces rues marrakchies, ses parfums, ses senteurs, ses ombres. Ses bruits.

Je n'ai pas vraiment aimé ce livre, je l'ai lu jusqu'à la fin car il fait partie d'une sélection pour un prix littéraire auquel je participe. J'ai trouvé le style empesé, l'impression que le jeune auteur veut nous prouver qu'il a une bonne maîtrise de la langue et du vocabulaire mais pour moi c'est plutôt un style suranné et ennuyeux. Je comprends pourquoi ça plaît à la sélection du Goncourt 😉 C'est dommage car le sujet semble intéressant. Je n'avais pas connaissance de l'histoire des juifs de Marrakech, et je n'en sais pas beaucoup plus après ma lecture mais ça a au moins éveillé mon intérêt.

Tout le bruit du Gueliz m'a attiré car le Maroc est un pays cher à mon cœur où j'aime me rendre grâce à la chaleur humaine qu'il dégage et Marrakech est une ville où je vais très souvent sans oublier ce magnifique quartier du Gueliz où j'aime flâner. Quel est ce bruit incessant qui empêche la grand-mère de dormir? Pour le savoir sa fille et son petit fils quittent Paris pour le Maroc pour quelques temps pour voir ce qui la tourmente. Des liens familiaux et des souvenirs du passé qu'il vaut parfois mieux laisser derrière soi.