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Résumé
Odile Snout s'affaire dans la cuisine de son pavillon cossu. Le boeuf bourguignon qui a mijoté toute la journée est prêt. Avec ses deux adolescents, elle attend son époux, dont on fête ce soir-là l'anniversaire. Les heures passent et Hervé ne se montre pas. Quelque chose ne tourne pas rond chez les Snout et l'angoisse commence à monter. Le lendemain matin, à la gendarmerie, le lieutenant ne semble pas inquiet. Hervé finira par rentrer chez lui, et reprendre son travail. On a bien le droit de disparaître. De sa langue incisive d'où émerge une poésie du quotidien, Olivier Bordaçarre brosse une analyse glaçante du monde du travail, du couple et de la famille.
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4 avis sur ce livre
- Chris5867- 14/09/2024Snout is missingHervé Snout, jeune quinquagénaire marié et père de deux adolescents de 14 ans, directeur de l’abattoir qui alimente en viande toute la région, Hervé Snout disparait purement et simplement de la surface de la Terre, le 16 avril 2024. Il a quitté son domicile à vélo comme tous les matins, et personne n’a rien retrouvé, ni le vélo ni le bonhomme. Snout n’est pas un homme facile, mari indifférent, père autoritaire et vieux jeu, il était également très dur en affaire et avec ses employés. Aussi, même si elle inquiète son épouse Odile, personne ne s’émeut plus que de raison de la disparition de Snout. Et pourtant, on ne disparait pas comme ça, il a bien du lui arriver quelque chose ? Oui, il lui est arrivé « quelque chose ». J’avais remarqué le travail d’Olivier Bordaçarre avec son étonnant « Appartement 816 » et je réitère à l’occasion de son roman le plus récent tout le bien que je pense de cet auteur. Il nous raconte, de façon chronologiquement très éclatée, la disparition totale d’un homme dans histoire, un homme peu sympatrique, un homme que finalement peu de gens regrettent. Sa femme Odile pour commencer, elle est inquiète bien-sur, mais leur mariage est déjà plus ou moins mort. Elle a un amant, elle est encore très belle et pourrait aisément trouver le bonheur avec un autre homme. Sa fille Tara (14 ans) méprise son père au point de se revendiquer végétarienne (le pire affront pour Snout), entre eux la rupture semble déjà consommée. Son fils Eddy (14 ans aussi) lui ressemble beaucoup (viandard, macho, un peu trop porté sur le rapport de force) mais il est aussi nombriliste que l’est son père. Du coup, ça le contrarie que son père ne reviennent pas à la maison mais ça ne l’empêche pas de continuer sa petite vie d’adolescent en crise. La police croit que Snout s’est fait la malle et rechigne à aller plus loin. Dans l’abattoir, on travaille même mieux, plus sereinement sans le patron. Après cette première partie, on revient en arrière et on découvre les rasions de la disparition. On la sentait venir, on sentait ce que ça allait être, et quand ça arrive, le moins qu’on puisse dire est qu’on n’est pas déçu ! On comprends alors le pourquoi de la couverture originale du livre. Le roman, intelligemment construit, est une peinture crue de la petite bourgeoisie de province ou se mêlent la routine, les rapports sociaux compliqués (on peut même parler de lutte des classes), les relations hommes-femmes déconstruits, des relations générationnelles faites d’incompréhension. Snout se voyait comme le roi du monde, la vie ne lui avait pas fait de cadeau et il avait réussi : bonne situation, jolie épouse, deux enfants et la belle maison cossue. Il était « arrivé » et pourtant, le Monde l’a expulsé comme un corps étranger. Ce roman, c’est le roman cynisme : le Monde, le Destin (appellerons comme on veut) considère qu’il sera meilleur sans Hervé Snout, alors tout se met en place pour que sa disparition soit totale et définitive, et qu’elle se termine par le pire de tout : l’indifférence. Il y a pas mal de passages peu ragoutant dans « La Disparition d’Hervé Snout », notamment tous les passages dans l’abattoir. Bordaçarre décrit sans états d’âme la mise à mort des animaux, il l’écrit comme Snout la regarde, sans sensibilité aucune, c’est (volontairement) pénible à lire. Et puis, dans la dernière partie (la cinquième) certains passages peuvent légitimement choquer ou soulever le cœur. Mais ils peuvent aussi faire sourire avec cruauté, cela dépend des sensibilités. C’est un roman noir, très noir et très cru, qui n’hésite pas à flirter avec les limites (et même à les franchir) ; à réserver à un lectorat averti : âmes sensibles s’abstenir.20
- Fanfan Do- 27/05/2024Si seulement...Ce livre qui était dans ma wishlist depuis sa sortie, j'ai eu la chance de le gagner avec Lecteurs.com. Merci à eux ainsi qu'aux Éditions Denoël Prologue : 2004 - Ça commence comme une belle histoire avec les Raybert, Nadine, Alain et Gabin leur fils, famille d'accueil pour enfants placés, douce, généreuse et équilibrée. Première partie : 16 avril 2024 - Chez les Snout, Hervé et Odile les parents, Eddy et Tara les jumeaux de quatorze ans, petits bourgeois bien élevés, superficiels et imbus d'eux-mêmes à part Tara, les hommes doivent être puissants, des tueurs, et les femmes désirables, et surtout il faut montrer son niveau de vie. Ce 16 avril, Hervé Snout ne rentre pas chez lui alors que c'est son anniversaire. Le lendemain non plus il ne réapparaît pas et peu à peu l'angoisse monte. Assez rapidement il y a une sorte d'ironie dans le ton, dans la narration, qui vise à se moquer de cette famille mais en réalité de la société toute entière qui juge à l'emporte pièce, décide qui est bien ou pas, intelligent ou stupide selon de quelle milieu il vient, condamne sans état d'âme, le déterminisme social comme credo inconscient. On comprend très vite que chez les Snout on soigne les apparences, on étale sa réussite, mais qu'il s'agit d'une famille qui souffre d'incommunicabilité. On rumine son mal être chacun dans son coin. Cohabitation de quatre personnes terriblement seules. Deuxième partie : 23 février 2024 (53 jours avant la disparition). On fait connaissance avec Hervé Snout, patron d'un abattoir, super carnivore, et passionné depuis toujours par la découpe de la viande, sans la moindre raison atavique, bien au contraire. Une sorte de hyène élevée par des agneaux. On a droit à toutes les descriptions de ce qu'est l'abattoir et le sarcasme n'est jamais loin concernant les mangeurs de viande "Il était le maître du muscle comestible, du muscle de l'autre exploité, du muscle au service de l'humanité". Comme si le morceau de barbaque dans l'assiette n'avait pas été avant, un être vivant, qui aurait tellement voulu rester vivant. Mais bien sûr, le Snout se fout des animaux et de leurs souffrances. Lui, il voit le plaisir gustatif et la rentabilité. Si je n'étais pas déjà végétarienne, après ça je le serais devenue. Le sort des animaux, de leur naissance jusqu'à l'abattoir est abominable. Dans le marché de la viande, zéro compassion, la vie d'un animal est réduite à ce qu'il rapporte et sa souffrance, le boss s'en fout. Leur vie est courte et épouvantable. Et les tueurs des abattoirs ? Certains s'alcoolisent pour supporter ce qu'ils font, quand d'autres y prennent plaisir. J'ai eu tellement de peine pour ce petit cochon, nommé "tendrement" FR 35ABC 501215. Et pour les agneaux. Et pour les vaches, y compris gestantes. Les abattoirs ne sont pas l'antichambre de l'enfer, ils sont l'enfer. Et à part ça, tout y passe, l'ennui du quotidien, la dérive du couple, le devoir conjugal, le sexe joyeux et le sexe triste, un vrai plaidoyer contre le mariage, et même de la vie à deux tout simplemen, ou les joies d'avoir des enfants. Le harcèlement, la rancœur, le racisme, la misogynie, la bêtise, le sadisme traversent cette histoire. Heureusement il y a aussi de l'amour et quelques moments totalement hilarants. Et toujours cette ironie mordante. Deux familles, deux façons d'en être une, aux antipodes l'une de l'autre. J'ai adoré l'idée de reprendre les chose en amont et de nous mener nous, lecteurs, à émettre des hypothèses sur les possibles motivations de la disparition de cet individu aigri et sadique. Toutes les extrapolations semblent imaginables, il y a un vrai suspense qui laisse la porte ouverte à de multiples présomptions tant le champs des possibles est ouvert. Et merci, merci, merci à Olivier Bordaçarre d'avoir écrit ce livre qui dénonce tout ce qui me révolte dans ce monde égoïste et absurde, qui court à sa perte, et de l'avoir dit si bien avec cette écriture absolument magnifique ! En sortant de là, j'ai été un peu plus en colère que d'habitude envers cette société d'hyper consommation, parce que ce qui se passe dans les abattoirs est tout simplement ignoble, indigne, cruel, inutile. " 𝚂𝚒 𝚕𝚎𝚜 𝚊𝚋𝚊𝚝𝚝𝚘𝚒𝚛𝚜 𝚊𝚟𝚊𝚒𝚎𝚗𝚝 𝚍𝚎𝚜 𝚖𝚞𝚛𝚜 𝚎𝚗 𝚟𝚎𝚛𝚛𝚎, 𝚝𝚘𝚞𝚝 𝚕𝚎 𝚖𝚘𝚗𝚍𝚎 𝚜𝚎𝚛𝚊𝚒𝚝 𝚟é𝚐é𝚝𝚊𝚛𝚒𝚎𝚗." 𝙿𝚊𝚞𝚕 𝙼𝚌𝙲𝚊𝚛𝚝𝚗𝚎𝚢10
- BP- 15/11/2024Le livre de la réalité crue, désosséeTous les thèmes importants de la vie sont décortiqués, mis à nu, couple famille sexualité amitié boulot, tout ce qui compte avec une écriture au couteau qui bien souvent vous tranche à vif, on s'arrête le temps de respirer, les yeux ds le vague, et ma vie à moi, comment l'écrirait-il? C'est très très fort. Probablement pas lisible pour les âmes sensibles au sang répandu.00
- Familygir- 13/10/2024Trop proche de la réalité ?L’histoire est prenante et bien menée mais ce qui m’a gêné ce sont les descriptions du travail dans un abattoir et ses conséquences pour ceux qui y travaillent. Elles sont certes réalistes ( je suppose) mais refont surface dans mon esprit quand je mange de la viande.. C’est un livre que j’ai lu par chapitre, le laissant le temps de « digérer » avant d’entamer le chapitre suivant..00
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