Ce livre qui était dans ma wishlist depuis sa sortie, j'ai eu la chance de le gagner avec Lecteurs.com. Merci à eux ainsi qu'aux Éditions Denoël
Prologue : 2004 - Ça commence comme une belle histoire avec les Raybert, Nadine, Alain et Gabin leur fils, famille d'accueil pour enfants placés, douce, généreuse et équilibrée.
Première partie : 16 avril 2024 - Chez les Snout, Hervé et Odile les parents, Eddy et Tara les jumeaux de quatorze ans, petits bourgeois bien élevés, superficiels et imbus d'eux-mêmes à part Tara, les hommes doivent être puissants, des tueurs, et les femmes désirables, et surtout il faut montrer son niveau de vie. Ce 16 avril, Hervé Snout ne rentre pas chez lui alors que c'est son anniversaire. Le lendemain non plus il ne réapparaît pas et peu à peu l'angoisse monte.
Assez rapidement il y a une sorte d'ironie dans le ton, dans la narration, qui vise à se moquer de cette famille mais en réalité de la société toute entière qui juge à l'emporte pièce, décide qui est bien ou pas, intelligent ou stupide selon de quelle milieu il vient, condamne sans état d'âme, le déterminisme social comme credo inconscient. On comprend très vite que chez les Snout on soigne les apparences, on étale sa réussite, mais qu'il s'agit d'une famille qui souffre d'incommunicabilité. On rumine son mal être chacun dans son coin. Cohabitation de quatre personnes terriblement seules.
Deuxième partie : 23 février 2024 (53 jours avant la disparition). On fait connaissance avec Hervé Snout, patron d'un abattoir, super carnivore, et passionné depuis toujours par la découpe de la viande, sans la moindre raison atavique, bien au contraire. Une sorte de hyène élevée par des agneaux. On a droit à toutes les descriptions de ce qu'est l'abattoir et le sarcasme n'est jamais loin concernant les mangeurs de viande "Il était le maître du muscle comestible, du muscle de l'autre exploité, du muscle au service de l'humanité". Comme si le morceau de barbaque dans l'assiette n'avait pas été avant, un être vivant, qui aurait tellement voulu rester vivant. Mais bien sûr, le Snout se fout des animaux et de leurs souffrances. Lui, il voit le plaisir gustatif et la rentabilité. Si je n'étais pas déjà végétarienne, après ça je le serais devenue. Le sort des animaux, de leur naissance jusqu'à l'abattoir est abominable. Dans le marché de la viande, zéro compassion, la vie d'un animal est réduite à ce qu'il rapporte et sa souffrance, le boss s'en fout. Leur vie est courte et épouvantable. Et les tueurs des abattoirs ? Certains s'alcoolisent pour supporter ce qu'ils font, quand d'autres y prennent plaisir. J'ai eu tellement de peine pour ce petit cochon, nommé "tendrement" FR 35ABC 501215. Et pour les agneaux. Et pour les vaches, y compris gestantes. Les abattoirs ne sont pas l'antichambre de l'enfer, ils sont l'enfer.
Et à part ça, tout y passe, l'ennui du quotidien, la dérive du couple, le devoir conjugal, le sexe joyeux et le sexe triste, un vrai plaidoyer contre le mariage, et même de la vie à deux tout simplemen, ou les joies d'avoir des enfants. Le harcèlement, la rancœur, le racisme, la misogynie, la bêtise, le sadisme traversent cette histoire. Heureusement il y a aussi de l'amour et quelques moments totalement hilarants. Et toujours cette ironie mordante. Deux familles, deux façons d'en être une, aux antipodes l'une de l'autre.
J'ai adoré l'idée de reprendre les chose en amont et de nous mener nous, lecteurs, à émettre des hypothèses sur les possibles motivations de la disparition de cet individu aigri et sadique. Toutes les extrapolations semblent imaginables, il y a un vrai suspense qui laisse la porte ouverte à de multiples présomptions tant le champs des possibles est ouvert.
Et merci, merci, merci à Olivier Bordaçarre d'avoir écrit ce livre qui dénonce tout ce qui me révolte dans ce monde égoïste et absurde, qui court à sa perte, et de l'avoir dit si bien avec cette écriture absolument magnifique !
En sortant de là, j'ai été un peu plus en colère que d'habitude envers cette société d'hyper consommation, parce que ce qui se passe dans les abattoirs est tout simplement ignoble, indigne, cruel, inutile.
" 𝚂𝚒 𝚕𝚎𝚜 𝚊𝚋𝚊𝚝𝚝𝚘𝚒𝚛𝚜 𝚊𝚟𝚊𝚒𝚎𝚗𝚝 𝚍𝚎𝚜 𝚖𝚞𝚛𝚜 𝚎𝚗 𝚟𝚎𝚛𝚛𝚎, 𝚝𝚘𝚞𝚝 𝚕𝚎 𝚖𝚘𝚗𝚍𝚎 𝚜𝚎𝚛𝚊𝚒𝚝 𝚟é𝚐é𝚝𝚊𝚛𝚒𝚎𝚗." 𝙿𝚊𝚞𝚕 𝙼𝚌𝙲𝚊𝚛𝚝𝚗𝚎𝚢
Si seulement...
1aime∙0commentaire
Votre commentaire...
La disparition d'Hervé Snout
Olivier Bordaçarre
Romans policiers
Le chant des innocents
Piergiorgio Pulixi
Malgré toute ma rage
Jérémy Fel
La jeune fille et le feu
Claire Raphaël
Les doigts coupés
Hannelore Cayre
Magali
Caryl Férey
Une exécution
Danya Kukafka
Fort Alamo
Fabrice Caro
Chevreuil
Sébastien Gendron
Il faut toujours envisager la débâcle
Laurent Rivelaygue
La résistance des matériaux
François Médéline