SudOuest- 09/03/2021

Noir et blanc, à fleur de peau

Attica Locke Justice à deux vitesses au Texas, entre Noirs et suprémacistes blancs. Attica Locke est une femme. Précisons qu’elle est noire puisqu’elle vit dans un pays où la couleur des gens détermine encore le rapport aux autres. Surtout au Texas, l’État dont on retrouve l’atmosphère oppressante dans son dernier roman publié en France. Son personnage central, Darren Mathews, a beau être un ranger, il est d’abord un Noir soumis au délit de faciès qui le contraint à ne négliger en aucun cas son apparence : « Ne jamais se rendre en ville avec l’air abattu ou minable d’un homme prêt à s’expliquer à tout moment. Même son oncle Clayton, autrefois avocat et professeur de droit constitutionnel, disait souvent que pour des hommes comme nous, un pantalon avachi ou des pans de chemise sortis étaient un motif suffisant d’interpellation. » Si la situation que décrit Attica Locke a déjà été évoquée au cinéma et en littérature, on est frappé par la récurrence contemporaine de cette crispation identitaire des « Blancs » dans le sud des États-Unis. Double assassinat L’assassinat d’une jeune femme blanche survient quelques jours après celui d’un homme noir. Dans les deux cas, la police locale démontre sa partialité et l’intervention de Mathews avive les tensions raciales. La présidence d’Obama n’aura donc été qu’une étoile filante dans la nuit américaine quand « l’homme aux cheveux orange » a su, lui, libérer la violence des « fraternités » aryennes et transformer les shérifs de petites bourgades en « cousins » de ces suprémacistes blancs. Sur les accords de John Lee Hooker, le héros d’Attica Locke, incertain dans sa relation amoureuse et empêtré dans son rapport avec une mère alcoolique, re- donne malgré tout espoir et dignité à une communauté repliée dans sa peur.