Joyce- 29/08/2022

À en couper le souffle

Un livre drôle et sincère. Retentissant. Qui change intrinsèquement notre rapport à la littérature. Si l'on devait reprendre les termes du personnage Musimbwa : il est impossible d'expliquer de quoi traite un bon livre au risque de le réduire ; un bon livre traite de tout. La plus secrète mémoire des hommes correspond parfaitement à cette définition. L'ouvrage mélange les genres littéraires - journalistique, biographique, polar - et les points de vu sans perdre le lecteur, ce qui force l'admiration. Bien que la quête de l’identité de T.C Elimane soit le fil directeur du récit, on s'attarde aussi sur les salons littéraires, les introspections existentielles, les amours pleins de sensualité. Inévitablement le personnage principal manque un peu de profondeur, mais je trouve remarquable la juxtaposition des évènements la vie de T.C Elimane. Il n'y a aucune lourdeur malgré un style lyrique et un vocabulaire extrêmement riches et variés. Cela semble peut-être excessif, mais chaque mot semble avoir été choisi avec parcimonie. Chaque métaphore est bien pensée. Enfin, ironiquement, si le roman soulève le problème de la reconnaissance des auteurs africains francophones en France (que Musimbwa rejette complètement), il s'est toutefois vu décerné le prestigieux prix Goncourt dès le premier scrutin. Je me questionne sur l'état d'âme de Mohamed Mbougar Sarr : est-ce que, comme son personnage, il s'inquiète de correspondre aux exigences de l'ancienne puissance coloniale ? Est-ce qu’il est aussi animé par ce débat interne, entre désir d’être acclamé et culpabilité ?

Lecteur addictif

Un livre très intéressant

814 jours