Avant d’ouvrir le livre, « Les Nuits d’été » évoquait, pour la petite-fille d’un amoureux de Berlioz que je suis, les mélodies de notre compositeur isérois. Même si ce n’est absolument pas le sujet du roman, j’ai souri quelques pages avant la fin quand ces nuits d’été là furent évoquées...
Non, les nuits d’été dont il est question dans ce merveilleux roman ce sont celles de Thomas, de Mehdi et de Louise, amis de toujours. Enfants d’ouvriers frontaliers qui ont donné tant d’années pour cette usine suisse où Mehdi est embauché chaque été comme opérateur de production et où Thomas le rejoint en cet été particulier. Thomas avait pourtant tout fait pour s’éloigner de cette vie d’ouvrier, Thomas qui pourtant a séché les cours à la fac et qui se retrouve sur le carreau et n’ose le dire à son « daron ». Et puis il y a Louise, la sœur de Thomas, thésarde, qui consacre son étude aux ouvriers frontaliers. Ce roman dit tout de l’héritage social que l’on reçoit. C’est beau, très beau.
Conversation entre Thomas et Louise à propos de leur père :
« - de son point de vue, mon échec, c’est le sien.
- c’est vraiment qu’il est chiant à toujours répéter que ce qu’on a, on le doit pas à la chance, mais à notre mérite, à notre travail. Il aurait aimé avoir cette chance là. Mais réussir, c’est rien d’autre que la conséquence d’avoir tout fait comme on nous a dit de faire. On t’a dressé pour que tu puisses pas envisager la vie autrement qu’en étant diplômé. On t’a programmé le cerveau pour que tu angoisses à l’idée de pas l’être. C’est pas un échec. Vois ça comme une chance de te barrer »
Un petit bijou.
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