Kilina- 14/08/2023

Certain livres, n'ont pas besoin d'une chronique.

“Chaque crasse subie est comme un mal de tête qui dure plusieurs jours. Une migraine puissante que rien ne peut apaiser. Les insultes, les moqueries à longueur de journée. Le manque d’amour, le manque de respect tout le temps. Les clients qui te roulent dans la farine, les arnaques, les mecs qui t’exploitent, la soumission, cette bêtise de nous croire des objets de désir, la solitude, le sida, les talons de chaussure qui cassent, les nouvelles des filles qui meurent, de celles qu’on assassine… Les coups, surtout les coups que nous inflige le monde, dans l’obscurité au moment où on s’y attend le moins. Les coups qui arrivaient immédiatement après la baise. Nous avions toutes connu ça.” Ce simple extrait est un des premiers coups de pinceau d’un récit douloureux et d'une telle beauté, en même temps. C'est un tableau rempli de personnages tous plus fantastiques, les uns que les autres. De plus, il est le condensé de la force de frappe de Camila Sosa Villada. Une capacité d’emmagasiner la douleur dans la courbe de ses “a” et dans la boucle de ses “b”. Camila nous raconte une histoire probablement très proche de la sienne. Distinguer, le vrai du faux ? Inutile. Contentez-vous de vivre les émotions décrites. Elles sont suffisamment réelles pour que vous ayez l’impression qu'elles vous appartiennent.