Quand on parle de littérature au Kirghizistan, Tchinguiz Aïtmatov s'impose de lui-même comme la gloire nationale culturelle. Encensé par Aragon pour son livre Djamilia malgré une traduction qui commence sérieusement à dater et qui mériterait une mise à jour, j'ai persévéré car je partage ma vie avec une kirghize et je ne pouvais pas rester sur une première impression mitigée. "Il fut un blanc navire" a donc été ma réelle porte d'entrée sur l'œuvre d'Aïtmatov. Et quel plaisir, quelle douceur, quelle pureté d'esprit ! Il y a dans ce livre toute la simplicité et la gentillesse des habitants de ce magnifique pays d'Asie centrale d'Ex-URSS, indépendant depuis 1991.
Un petit garçon de 8 ans grandit avec ses grands-parents dans le Nord-est du Kirghizistan. Dans son petit hameau à fleur de montagne, s'étend à ses pieds le deuxième plus grand lac alpin du monde, le gigantesque Issyk-koul. Avec une vue à 180 degrés sur la vallée, il observe grâce à sa lunette militaire tout ce qu'il s'y passe à des kilomètres à la ronde en guettant sur les flots l'arrivée du blanc navire.
Le garçonnet orphelin entretient une relation privilégiée avec son grand père, un homme particulièrement bon, un véritable père de substitution. Falaises, réserve naturelle forestière, cascades, voici le décor de ce texte lumineux regorgeant de sensibilité, où l'imaginaire de cet enfant va nous guider au fil des mythes et des légendes transmises oralement depuis la nuit des temps par le peuple kirghize.
C'est un roman à l'imagination fertile dans les mondes magiques intérieurs, un véritable conte moral qui nous place face à l'innocence de l'enfance, face à la dure réalité de la déshumanisation créée par les adultes. C'est un véritable coup de cœur, un texte qu'il me tarde de défendre en librairie tant il appelle au voyage dans les grands espaces, à la découverte d'une culture, d'une histoire, au développement du rêve, et à la conservation de l'idée d'un monde pur et dénué d'immoralité.
Kirghizistan ❤️
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