Lecoindesmots- 07/07/2022

Déception

Un soir de 1977, dans le café familial au cœur du village de Marseillette, Carmen pleure la perte de sa nièce, Cali, morte en couche. Alors que son deuil commence, elle se remémore les moments passés avec cette jeune fille qui comptait tant pour elle. Puis, de souvenirs en souvenirs, Carmen invoque ces personnes qui ont su changer sa vie. D’une hacienda à Tolède, au café familial, en passant par une prison madrilène en pleine période franquiste, c’est une partie de l’Histoire de l’Espagne aussi bien que celle de Carmen et de sa famille qu’Olivia Ruiz nous conte. Parce que la vie de Carmen a souvent été dictée par l’amour qu’elle portait aux autres, a quarante ans, elle aura déjà vécu mille et une vies et les figures marquantes de ces années passées sont aussi diverses et variées que les situations qu’elle aura vécues. Si j’avais été assez sensible à l’émotion et au charme qui se dégageait de son premier récit (La commode aux tiroirs de couleurs, JC Lattès, 2020), je n’ai pas été emportée par ce second roman. Peut-être parce que les vies de Carmen sont trop invraisemblables, que les évènements s’enchaînent sans assez de profondeur et de liens entre eux. Je n’ai pas retrouvé le côté lyrique et l’atmosphère poétique qu’Olivia Ruiz est capable d’instiller dans son univers musical. C’est dommage car certains passages avaient, à mon sens, beaucoup de potentiel romanesque. J’aurais aimé rester plus longtemps dans cette hacienda de Tolède, à écouter les Toreros nous parler de la façon dont ils excitent les taureaux avant une corrida, nous expliquer comment cette coutume aujourd’hui controversée est devenue un vrai business au sein duquel tous les coups sont permis… C’est donc un rendez-vous manqué, entre Olivia Ruiz et moi, cette fois-ci. Cependant, mon avis reste très à contre-courant de l’opinion générale, d’après ce que j’ai pu lire ici et là. Tout ne peut pas plaire à tout le monde, fort heureusement. Je vous laisse son roman, je garde ses chansons.