Evergreen13- 31/05/2023

Nativité 👶🏻🍼

Lire un polar de Céline Denjean est un plaisir que je me réserve annuellement depuis que j’ai découvert cette auteure (grâce à un ami –merci Jérôme !). En ouvrant Matrices, j’ai eu un (très court) instant de doute : n’allais-je pas me retrouver avec un autre « Le Cheptel » ? Il n’en est rien, l’intrigue est bien différente même si les thèmes de prédilection de Céline Denjean sont présents (les violences faites aux femmes notamment). Une jeune femme est renversée par une voiture un soir de tempête dans la région Tarbaise. L’automobiliste impliqué est paniqué, fort heureusement arrive une voiture conduite par un médecin qui prodigue à la blessée les premiers secours. Hélas, elle décède peu avant l’arrivée du SAMU : elle a juste eu le temps de prononcer une phrase en anglais « save the others »… L’affaire est confiée à la Brigade de Recherches de Tarbes : la major Louise Caumont, son adjointe Violaine et le « petit dernier » Thierry . Surchargés de travail, les trois gendarmes prennent cette enquête à cœur : la jeune femme africaine, semble-t-il, était enceinte, et d’un bébé qui n’avait rien en commun avec elle. Une mère porteuse alors… Et quid de ce « branding » un marquage au fer rouge sur son épaule ? Comme dans ses polars précédents, Céline Denjean nous emporte dans une enquête de haut vol. Une intrigue passionnante, des personnages à la psychologie fouillée, un suspens qui va crescendo : tout est réuni pour faire de ce bouquin un excellent moment de lecture. Qui plus est le thème central, celui de la traite d’êtres humains (plus précisément la traite des femmes qui telles les esclaves du XIXème siècle sont arrachées de leurs terres natales –ici le Nigéria- pour être « utilisées » en occident, comme du bétail) est terriblement actuel et traité de façon poignante et réaliste. Les réseaux mafieux qui exploitent sans aucun scrupule de jeunes femmes (qui n’ont guère le choix pour espérer –vainement- échapper à une misère abjecte) sont au cœur de ce polar très réussi : prostitution, pornographie, et au delà de toute violence, la gestation pour autrui forcée. J’ai beaucoup aimé le personnage de la major Louise Caumont : une femme blessée qui s’est construit une carapace pour tenter de résister à la souffrance et que cette enquête va toucher en plein cœur. Un polar profondément humain.