Sandy.Lafosse- 05/04/2022

Lorsque l'histoire d'un couple est percutée par la grande Histoire

Existe-t-il meilleur moyen pour appréhender l’Histoire d’un pays que de la découvrir à travers une fiction ? C’est en tout cas ce que propose Alice Kaplan avec « Maison Atlas » son premier roman , publié chez la toute nouvelle maison d’édition Le bruit du monde. Avec finesse, l’historienne et essayiste américaine spécialiste de Camus, raconte l’histoire de deux jeunes gens qui n’auraient jamais dû se rencontrer, mais qui vont s’aimer aussi follement que brièvement ; lui, le descendant de l’une des plus vieilles et dernières familles juives algéroises et elle, la jeune américaine originaire du Minnesota ; tous deux venus à Bordeaux pour suivre des études de droit. Mais l’histoire de ce couple va être percutée par l’Histoire, celle de l’Algérie : Daniel doit se résoudre à quitter la France pour rejoindre ses parents menacés dans un pays meurtri par des attentats sanglants, et laisse Emily seule à Bordeaux. En dire davantage serait prendre le risque de déflorer un texte qui mérite que le lecteur en savoure chaque mot. C’est presque avec tristesse que l’on quitte des êtres dont on doute parfois qu’ils n’aient pas leur propre vie. Des personnages dont on partage le poids de l’héritage familial, les angoisses les plus intimes et qu’Alice Kaplan parvient à rendre vivants en insufflant avec brio la fiction dans le réel. « Maison Atlas » permet au lecteur de faire un pas de côté et d’appréhender sous un angle différent et c’est l’une des forces de ce roman les relations conflictuelles entre la France et l’Algérie. Véritable fenêtre ouverte sur le monde, le premier roman d’Alice Kaplan explore avec une acuité rare, les tragédies intimes engendrées par les soubresauts de l’Histoire : éclairant et passionnant !