Pierre- 01/09/2024

L’âpreté de la vie rurale américaine

En pleine ruralité des monts Ozark, où le dénuement le plus total pousse la population à la production et au trafic de Crystal Meth, vit Ree Dolly. Jeune fille de 16 ans volontaire, dont le quotidien se résume à s’occuper de ses jeunes frères Harold et Sonny, ainsi que de sa mère plongée dans un état catatonique avec des accès de démence. Cette vie déjà précaire menace de s’aggraver lorsque son père, Jessup, fuit pour ne pas retourner en prison. Ce dernier a mis la maison familiale en gage pour payer sa caution. Et s’il ne reparait pas à son procès, elle sera saisie et toute la famille expulsée par la même occasion. Afin de pouvoir garder le bien familial, Ree va se lancer à la recherche de son père. Mais elle va très vite découvrir en interrogeant les gens du coin qu’il y a des questions qu’il vaut mieux éviter de poser. Les ruraux n’aimant pas trop que l’on vienne s’immiscer dans leurs affaires. Surtout quand cela implique le trafic de Meth. L’Amérique rurale des Ozark, sur fond de trafic de drogues et sous un hiver âpre. Le décor est planté. Daniel Woodrell offre une histoire à la fois dépaysante et puissamment désenchantée. Un peu comme un Ron Rash, qui lui aussi, aime explorer cette Amérique un peu oubliée. Celle qui, au seuil de la misère, est prête à toutes les transgressions pour survivre. Une ruralité qui fonctionne avec ses propres codes et où règne la loi du silence. Des familles dysfonctionnelles au fonctionnement atavique où les haines fraternelles remontent à des générations et se résolvent le plus souvent dans la violence. Ce titre paraît pour la première fois sous la collection Totem des éditions Gallmeister. Il avait été au préalable édité chez Rivages sous le titre « Un hiver de glace ». Et adapté au cinéma en 2010 avec Jennifer Lawrence dans le rôle principal.