Lecoindesmots- 08/01/2022

Chef-d’œuvre

Impossible de vous résumer cet incroyable roman où le réel côtoie le fantastique dans une fable saisissante. Au départ, il y a Juan, prêt à tout pour sauver son fils, Gaspard, des griffes de cette étrange société secrète dirigée par ses parents adoptifs, qui n’a de cesse de faire appel aux Ténèbres pour percer les mystères de la vie éternelle. Parce que Gaspard a un don, hérité de son père : ils sont les médiums grâce à qui les contacts avec les Ténèbres sont possibles. Seulement, au sein de cette société, la recherche l’éternité justifie de toutes les atrocités. Ainsi, on sacrifie, on asservit et on tue sans vergogne. L’autre n’est qu’un moyen pour arriver à ses fins. Au fil des pages, le récit alterne entre les époques et les points de vue, laissant parfois le lecteur dans le flou. Pourtant, à la fin du récit, tous les éléments s’imbriquent avec brio pour donner corps et sens aux moindres petits détails distillés au fil de ces 700 pages. De Londres à Buenos Aires, de 1960 à 1997, les nombreux protagonistes s’allient pour ne finalement tenter d’expliquer qu’une chose. : l’amour sans limite d’un père pour son fils. Il est difficile de ne pas voir en ce récit, une métaphore des horreurs commises durant la dictature argentine sous Videla et la guerre sale. Les crimes impunis, la toute-puissance de certaines familles et toujours les horreurs, commises au nom de cette recherche éternelle d’un pouvoir qui ne sera jamais suffisant aux yeux de certains. Nul doute que le récit regorge également de nombreuses références au folklore argentin, références qui me manquent, malheureusement, pour pouvoir encore plus apprécier ce texte à sa juste valeur. Ce roman est, cependant, une merveille absolue que j’aimerais que tout le monde lise, tant je l’ai aimé. Notre part de nuit est, à mon sens, un véritable chef-d’œuvre de littérature.