Evergreen13- 29/06/2022

Dernières lueurs 🇺🇸🔥🖤🖤🖤

Raymond Mathis n’attend plus grand-chose de la vie. Sa femme est morte d’un cancer, trois ans plus tôt, il lui reste sa chienne Tommy-Two-Tons, presque aveugle, et « le garçon » son fils Ricky qui se drogue depuis si longtemps que Ray peine à se souvenir des moments où il était clean. Dans cette région des Appalaches, presque tout le monde a « un problème d’addiction »… Sur la route, un panneau affiche le nombre d’overdoses dans le comté, un nombre en constante évolution évidemment… Raymond vit dans la hantise que son fils finisse comme ça, une aiguille plantée dans le cou… Il a tenté mille fois de le sortir de l’héroïne mais Ricky a toujours replongé… Un jour, Ray reçoit un appel de son fils : il doit 10 000$ à un dealer. Et s’il ne paye pas, il sera tué, sans aucune pitié. Une dernière fois, Ray vient au secours de son fils, mais il prévient le dealer : s’il vend encore un seul gramme d’héroïne à Ricky, il saura le lui faire payer… Ce roman est bâti autour de deux personnages principaux, Ray et Denny Rattler, deux victimes, chacune à leur façon, du fléau de la drogue. Leur rencontre, improbable, dans une scène d’anthologie, laisse entrevoir une toute petite lueur d’espoir dans un univers crépusculaire, tout juste éclairé par les incendies qui dévastent les forêts des Blue Ridge Mountains et des Great Smoky Mountains. Avec son écriture simple et sincère David Joy emporte le lecteur dans une histoire poignante directement inspirée de sa vie personnelle. Il s’en explique d’ailleurs dans un article publié dans la revue America, intitulé « Génération Opioïdes », qui figure en postface de ce livre, où il met en parallèle l’appauvrissement de sa région et l’addiction aux drogues. J’ai lu tous les livres de David Joy que je considère comme un des meilleurs auteurs américains. Ainsi qu’il le dit lui-même, il n’écrit que sur ce et ceux qu’il connaît, notamment sur cette région des Blue Ridge Mountains et des Great Smoky Mountains, en Caroline du Nord, où il est né et où il vit. C’est pourquoi ses romans qui sont profondément ancrés dans ces (ses) racines respirent une telle authenticité. Je referme ce livre touchée en plein cœur. A voir, à écouter, à partager l’interview de David Joy sur You Tube : https://www.youtube.com/watch?v=9auYKohRoxo Ou encore le livre de Beth Macy, Dopesick (non traduit en français ?) dont a été tiré une série éponyme (https://tvmag.lefigaro.fr/programme-tv/dopesick-chronique-d-un-scandale-sanitaire-annonce_6c49dc3e-4173-11ec-8b88-48aa02225af4/).