Viens, te plonger dans l'abîme, où l’horreur coule comme un venin dans les veines d’une réalité éclatée. Viens t’y abreuver.
Avant de te mettre dans le mood, laisse-moi te recommander un cauchemar de l'histoire, « Le massacre des indiens » de Lucien Bodard. Ça annonce la couleur direct, comme ça t’auras déjà dégueulé un bon coup à propos de l’humanité et de ce qu’elle est cap de faire à ses semblables et à la nature quand elle décide de dominer.
Je reviens à David Vann. Ma passion pour ce type n’est plus à prouver. Je lis chacun de ses livres comme je pouvais m’enfiler un distributeur de bonbecs PEZ.
« La contrée obscure » sera surprenant de par son fond. Ok, en fait, pas vraiment. Tu te doutes que Vann , encore une fois, est porteur des fardeaux hérités de ses ancêtres, des traumatismes coulant dans ses gènes et de l’Histoire du sang, en général.
S’étant découvert des ancêtres cherokees, Vann met sa plume au service de « avant de faire de la merde ou de la perpétrer, regardez d’où vous venez. Vous voici certainement en train d’éradiquer une partie de votre arbre généalogique ».
« La contrée obscure » raconte l’aube déjà bien avancée du génocide initié par les conquistadors, cette lie de l’humanité et de la conquête de La Florida par l’un de ses plus cruels représentants ; Hernando de Soto.
Vann ne se contente pourtant pas de paraphraser ses sources ; il se mue en historien maudit et y tisse une mise en scène funeste. Sa plume acérée vient enrichir l'Histoire, lui insufflant, évangélisation forcée, viols et gueuletons canins.
Afin d’équilibrer la narration, l’auteur alterne chaque chapitre d’une spiritualité cherokee, témoignant du gouffre béant causé par l'avidité vorace de l'Europe du 16e siècle, anéantissant tout sur son passage.
Deuxième roman à se démarquer de la biblio de Vann, (avec « L’obscure clarté de l’air »), « La contrée obscure »éblouira ses lecteur.ices, enivrera les soiffard.es d’Histoire et hisse David Vann à mon panthéon perso des meilleurs auteurs américains de ces dix dernières années.
Rien que ça, ouais.
Schlak !
- Traduit de l’🇺🇸 par Laura Derajinski -
@editions_gallmeister @david.vann.731
La contrée obscure
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