Libraire34- 31/03/2019

Évasion macabre..

Et bien mes ami(e)s quelle belle découverte ! Le pitch de départ pourrait (et je dis bien POURRAIT) apparaître comme assez simple, mais ce serait sans compter sur le talent de Whitmer, que je découvre avec un plaisir certain. Une évasion donc, de la prison d'Old Lonesome un soir de Réveillon 1968. 12 détenus en cavale au pied des Rocheuses dans un blizzard "vivifiant" propre à l'hiver Coloradien. Un froid qui vous violente le visage bien comme il faut et qui vous rappelle vite fait bien fait qu'une congélation des membres est ici si vite arrivée. Et forcément la machine carcérale qui se met en branle pour tenter de ramener ces fugitifs bien au chaud "à la maison". L'impitoyable directeur Jugg y veillera de toute son âme grâce à une équipe de matons à la petite semaine. Seul Jim Cavey sort du lot. Il est son meilleur traqueur, le plus humain, le plus incontrôlable donc. Le récit est confié alternativement aux fugitifs, à leurs poursuivants, à leurs proches, aux journalistes chargés de suivre l'affaire. Et c'est là que réside la qualité de ce roman pour moi. La force avec laquelle l'intrigue, dans cet enchevêtrement de situations violentes, conserve sa puissante capacité à nous tenir en haleine de bout en bout. Grâce aux différents points de vues narratifs on comprend les articulations et les interactions entre chaque personnages. Dans une petite ville où tout le monde ne se connaît que trop bien, et où les rancœurs macèrent dans leur jus de chique depuis trop longtemps, cet événement sera le point de départ d'une vague de violence irrépressible. J'oubliais ! Le style de Whitmer ! Damn ! Quelle pureté, pas de chichis, juste assez de mots pour dire ce qu'il y a besoin de dire. Ni plus ni moins. De profondes réflexion sur la violence viennent jalonner le récit, à charge contre l'univers carcéral et son impunité punitive. "Ce monde n'est pas fait pour que vous vous en évadiez. Ce monde est fait pour tenir votre cœur captif le temps qu'il faut pour le broyer"