Evergreen13- 06/12/2022

Qui se souviendra de Delphes ? 🖤🖤🖤🇬🇷

La Grèce n'existe plus. L'état a fait faillite et le pays –comme d'autres- a été racheté par une multinationale tentaculaire, GoldTex. Les habitants sont passés de citoyens à cilariés mais la grande majorité a disparue, éliminée impitoyablement. Les survivants sont regroupés à Magnapole une mégalopole connectée divisée en trois zones gardées par des checks-points : la classe dirigeante en zone 1, la classe moyenne en zone 2 et pour le reste, les déclassés, c'est la zone 3, une banlieue suburbaine déshéritée, exposée aux pires intempéries, pluies acides, rayonnement solaire mortifère et cyclones (furies) aussi imprévisibles que désastreux. C'est là que vit Zem Sparak : avant il habitait Athènes et avait participé activement à l'insurrection qui s'était opposée à GoldTex… Maintenant il est flic et opère dans les quartiers populeux et miséreux. Un matin il est appelé sur une scène de crime : un homme retrouvé éventré sur un terrain vague. Ce qui pourrait n'être qu'un énième meurtre ordinaire de la zone 3 s'avère plus complexe lorsqu'on découvre qu'il s'agissait d'un cilarié de la zone 2. Zem est sommé de faire équipe avec une policière de la zone 2, Salia Malberg : il sera son « chien », un bon toutou chargé de creuser, chercher, fouiller et rapporter. Ce qu'ils vont découvrir dépassera de très loin le simple crime crapuleux … Je suis épatée par l'épaisseur et la profondeur de ce roman d'anticipation ultra noir (dont l'ambiance m'a fait penser parfois à Blade Runner ou à Soleil Vert). En moins de 300 pages (210 pour la version numérique) l'auteur (Prix Goncourt, tout de même) parvient à bâtir une dystopie très sombre mais très crédible, centrée sur un personnage complexe à la psychologie fouillée –Zem Sparak- touchant à des thèmes sociétaux et politiques qui résonnent fort dans notre actualité. L'avenir vu par Laurent Gaudé fait peur, vraiment. Et pourtant, en y regardant d'un peu plus près, on y est presque…

Cat

J’étais sur le point d’écrire une critique et j’aurais à peu près écrit la même chose. Ce livre laisse un goût amer tant il est proche d’un possible futur … je me suis prise à penser qu’ayant déjà 65 ans, j’échapperai très probablement à cet enfer mais j’ai peur pour les enfants et petits-enfants … ne fut-ce qu’au niveau climatique !

703 jours