Éprise de paroles- 14/03/2019

Un fiction instructive

Le second ouvrage intitulé La petite communiste qui ne souriait jamais est un roman où se télescope fiction et réalité, sans que le·a lecteur·rice puisse en distinguer les deux aspects : Lola Lafon narre l’histoire de Nadia Comăneci, jeune gymnaste roumaine, au moyen de courts chapitres alternant entre, d’une part, un tableau romancé -mais pas forcément imaginaire- et d’autre part, un entretien avec l’athlète, dont on se questionne sur l’hypothétique aspect fantasmé. L’auteure brouille les pistes et se sert de cette occasion pour essaimer divers examens réprobateurs : elle dessine un contexte politique féroce instauré par le dictateur Ceausescu, mais propose également l’égratignure d’une perception du corps féminin absurde et annihilant tout un pan de la population. C’est à l’aide d’une plume distancée, sans faux-semblant, que Lola Lafon produit le souvenir de Comăneci, instrumentalisée puis déchue, et dresse le portrait d’un pays corseté, encore aujourd’hui très traditionnel.