Le 26 avril 1986 le réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl est détruit par une série d’explosions, entraînant l’une des plus grandes catastrophes technologiques du XXème siècle. Tchernobyl est situé en Ukraine mais à quelques kilomètres de la frontière avec la Biélorussie qui a été terriblement touchée par les retombées radioactives. Comme l’explique l’auteure en préambule de son livre 23% du territoire biélorusse est contaminé… Svetlana Alexievitch est bielorusse, et elle le dit clairement : « Ma vie fait partie de l’événement. C’est ici que je vis, sur la terre de Tchernobyl. Dans cette petite Biélorussie dont le monde n’avait presque pas entendu parler avant cela. Dans un pays dont on dit maintenant que ce n’est plus une terre, mais un laboratoire. Les Biélorusses constituent le peuple de Tchernobyl. Tchernobyl est devenu notre maison, notre destin national. Comment aurais-je pu ne pas écrire ce livre ? », ce livre qui « ne parle pas de Tchernobyl, mais du monde de Tchernobyl. Justement de ce que nous connaissons peu. De ce dont nous ne connaissons presque rien. Une histoire manquée (…) ».
Dix ans après l’accident de Tchernobyl, Svetlana Alexievitch a voyagé et interrogé des dizaines de personnes touchées par la catastrophe : certains travaillaient sur la centrale, d’autres étaient des fonctionnaires du parti (en 1986, c’était encore l’URSS), des paysans contraints de quitter leurs terres, sans explication, des médecins, des femmes (beaucoup), épouses de liquidateurs morts atrocement, ou mères d’enfants condamnés... Ce livre est donc un recueil de témoignages tous plus poignants les uns que les autres… Divisé en trois parties (La terre des morts, la couronne de la création et Admiration de la tristesse) il permet de prendre la mesure de l’immense souffrance de tous ceux qui ont vécu cette apocalypse.
J’ai mis un temps fou pour lire ces « chroniques du monde après l’apocalypse », non pas que le sujet ne m’intéressait pas (bien au contraire, et ce livre est passionnant) mais en raison de l’émotion qui m’a submergée à plusieurs reprises. J’ai même du mal à écrire mon avis (je l’ai terminé il y a près d’une semaine, impossible d’écrire quoique ce soit « à chaud ») même en reprenant toutes les notes que j’ai prises…
Un livre en forme de devoir de mémoire, essentiel, d’une grande humanité, poignant, bouleversant, d’une puissance infinie…
En complément, on peut regarder l’excellente série « Tchernobyl » et lire un autre bouquin magistral qui m’a marquée (La nuit tombée d’Antoine Choplin – Il s’est d’ailleurs inspiré d’une anecdote racontée dans la première partie La terre des morts : Monologue sur une vie entière écrite sur une porte).
« Un événement raconté par une personne est son destin. Raconté par plusieurs, il devient l’Histoire. »
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La supplication : Tchernobyl, chroniques du monde après l'apocalypse
Tchernobyl, dix ans plus tard ☠️🇧🇾
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La supplication : Tchernobyl, chroniques du monde après l'apocalypse
Svetlana Alexievitch
Récits
La nuit
Elie Wiesel
L'archipel du Goulag : 1918-1956 : essai d'investigation littéraire
Alexandre Soljenitsyne
Le commandant d'Auschwitz parle
Rudolf Höss
Le complot contre l'Amérique
Philip Roth
Traverser Tchernobyl
Galia Ackerman
Les Naufragés et les rescapés : quarante ans après Auschwitz
Primo Levi
Tyrannie
Richard Malka
La Mort est mon métier
Robert Merle
Au fond des ténèbres : un bourreau parle : Franz Stangl, commandant de Treblinka
Gitta Sereny
Seul dans Berlin : édition intégrale
Hans Fallada