Jmgruissan - 13/12/2020

Coup de cœur 🥇

Parfois, à la fin d’un livre, on consulte la bibliographie de l’auteur pour espérer une suite, c’est mon cas pour Lovecraft country. En effet, le décor est planté au milieu des années 50 aux Etats-Unis, pendant des épisodes ségrégationnistes forts, violents et humiliants pour la communauté noire américaine. Mais cette Amérique est aussi le centre d’une guerre de sorciers, plus précisément de philosophes naturels blancs qui ont ambition de découvrir les secrets les plus obscurs de notre terre et d’ailleurs. On rejoint ainsi les contrées de Lovecraft dans lesquelles la santé mentale des héros noirs sera mise à rude épreuve. Tout cela pour dire que c’est un coup de cœur et que la dernière page achevée… je reste en manque. Atticus est un jeune noir américain qui est revenu de la guerre de Corée. Il s’embarque avec son oncle et une amie à la recherche de son père qui lui a laissé un mystérieux message. Le voyage n’est pas sans danger car au début des années 50, l’Amérique est régie par les lois Jim Crow, qui restreignent les interactions entre les blancs et les noirs par la ségrégation. Outre les rencontres souvent stressantes avec des psychopathes racistes, ils vont devoir affronter des forces surnaturelles tout autant effroyables. Incroyable roman dans lequel se mêlent deux paradigmes, l’un lié à la magie et l’horreur gothique, l’autre au racisme le plus primaire, et pourtant tout deux aussi abominables. Car, même si d’importants problèmes subsistent encore entre communautés aux Etats-Unis, la ségrégation et les excès qu’elle a générés, semblent à ce point incompréhensible de nos jours. Matt Ruff signe un roman intelligemment construit et malin, pour le plaisir et la réflexion du lecteur.