Katouchka- 03/05/2021

Ce roman dépeint avec justesse un demi siècle d’Amérique terriblement raciste

🎶 « Un petit poisson, un petit oiseau s’aimaient d’amour tendre, mais comment s’y prendre quand on est dans l’eau (...) quand on est là-haut » 🎶 Cette chanson de Juliette Greco a résonné dans ma tête durant tout ce mois où « Le temps où nous chantions » de Richard Powers a accompagné mes soirées. Un mois, 1000 pages, à partager la vie de Delia Daley, David Storm et de leurs enfants, Joey, Jonah et Ruth, des années 30 aux années 90. Delia est noire américaine. David est juif allemand. L’oiseau. Le poisson. La musique les a unis envers et contre tout. Ils s’aiment dans une Amérique qui ne les aime pas, qui ne les reconnaît pas. Ils s’aiment en chantant en duo, en trio, en quatuor et en quintette. Ils élèvent leurs 3 enfants « tels qu’ils sont. Eux-mêmes avant tout ». Ni blancs, ni noirs. Blancs et noirs. Trois enfants longtemps protégés de la violence du monde extérieur par l’amour et la musique. Trois enfants qui, devenant adultes, se débattent avec leur identité. Jonah, exceptionnel chanteur lyrique, tente d’évoluer dans un univers largement blanc et peine (et c’est peu de le dire) à se faire accepter. Trop noir chez les blancs, trop blanc chez les noirs. Ruth, révoltée par le monde qui l’entoure rejoint les black panthers. Joey quant à lui, retient de toute part le lien familial et oscille selon l’époque entre son frère et sa sœur. La musique est partout (plusieurs fois j’ai lu en écoutant les œuvres citées dans le roman) et c’est un vrai bonheur. La déroutante question du temps et de la relativité s’invite largement aussi (David est physicien et travaille sur ces sujets). Ce magnifique roman dépeint avec justesse un demi siècle d’Amérique terriblement raciste. Passionnant. « L’oiseau et le poisson peuvent tomber amoureux, mais leur seul nid possible est la tombe » Le temps où nous chantions de Richard Powers.