StanDR- 06/07/2023

Osez Odile

Deuxième livre de la collection Fauteuse de trouble dirigé chez Julliard par Vanessa Springora, dont j'avais entendu plutôt du bien. L'autrice Emma Becker était déjà connu pour ses livres quasi ou à la limite de l'auto-fiction sur sa sexualité. Qui de mieux donc pour participer à cette collection de livre érotico-féministe. L'ambition de Vanessa Springora est de bousculer les codes du genre (littéraire et sexuel) et donner surtout aux femmes, aux autrices, une possibilité d'explorer la sexualité avec leurs mots comme elles n'en avaient jusqu'ici que trop peu eu l'occasion. D'après ce que j'ai pu entendre d'elle, Emma Becker est d'un féminisme qui ne plait pas à toutes (ex: polémique autour de son livre La maison, sur une maison close) et qui est un féminisme par défaut. Pour faire cours, l'irrévérence qu'on a pu lui prêter sur sa façon d'aborder la sexualité traduit en faite un tabou qui n'a plus lieu d'être selon elle. Pour ce qui est d'Odile l'été, érotisme oblige, la sexualité y est parfois frontal, certains pourront dire même pornographique mais tout est dans le style. Un style qui ne fait pas de détour et garde quelques formules littéraires pour sonder l'ambiance ou l'atmosphère parfois cru d'autre fois d'un charnel plus enveloppé. Il faut dire que tout y passe entre pratique échangiste, SM et autres, la narratrice et Odile, copine d'enfance, explorent et racontent leurs vies sexuelles dans une écriture linéaire et fluide. Au-delà du simple érotisme, Emma Becker s'aventure vers la question du jeu de domination de la sexualité et l'hétérosexualité comme fin naturelle de la sexualité. Concernant la domination, elle montre que celle-ci ne se résume pas à un ascendant imposé te instinctif de l'homme sur la femme mais sur un schéma sexuel qui peut être reproduit tout autant dans une relation homosexuel à défaut. Ne faudrait-il donc pas inventer d'autres codes ? Concernant l'orientation sexuelle, le récit démarre par la découverte du désir sexuel entre deux jeunes filles mais comme si tout cela n'était en faite qu'une préparation avant leur rencontre avec la gente masculine, en tout cas pour Odile alors que pour la narratrice pas vraiment. La première partie du livre peut (et m'a un peu) choqué de part la précocité et la différence d'âge entre les jeunes filles et leurs prétendants sexuels masculins. Il s'agit plus dans ce cas pour l'auteure de déplorer un ascendant malsain que de créer le fantasme. Tout cela démontre bien que le livre porte un intérêt au-delà du genre érotique.