Époustouflant

Une fois de plus, Sandrine Colette déploie tout son talent pour nous immerger dans une atmosphère écrasante où la nature règne en maître. Ce roman ne déroge pas à la règle, explorant avec brio ses thèmes de prédilection : la survie, les étendues sauvages, la frontière floue entre l'humanité civilisée et l'animalité brute, et la quête de soi. L'histoire commence avec Nin et Nun, deux enfants sauvages du Népal, attachés à un arbre, que Mara, une jeune veuve vivant seule dans une cabane au pied des montagnes, décide de sauver à sa manière. Dans cette région où les tigres sont des prédateurs redoutés et où la méfiance règne, leur destin prend des chemins divergents. Vingt ans plus tard, nous suivons un groupe de chasseurs parcourant les volcans du Kamtchatka, une péninsule volcanique de Russie. Parmi eux, Lior et Hadrien. La jeune femme est fascinée par la chasse. Au cours d'une traque à l'ours, un déclic se produit et la pousse à découvrir ses origines avant son adoption puisqu'elle a tout oublié, hormis sa terreur irrationnelle des tigres. Hadrien, qui déteste la chasse, irait jusqu'au bout du monde pour elle tant il est amoureux. Et le bout du monde, c'est le retour au Nepal, où elle espère, malgré sa peur viscérale des tigres, découvrir sa véritable identité. La première partie, consacrée à la traque de l'ours, est à la fois fascinante et oppressante. L'auteure adopte une construction originale, alternant les chapitres pour donner voix tantôt à Lior, tantôt à Hadrien, tantôt à l'ours qui se joue des chasseurs. Difficile d'en dire plus sans dévoiler l'intrigue des parties suivantes, je m'arrête donc là. Malgré quelques longueurs et répétitions, la plume singulière de Sandrine Colette a une fois de plus captivé mon attention, et m'a plongée directement au coeur de l'action. Son habileté à maîtriser l'intrigue et à explorer les failles de ses personnages assure un dépaysement et une immersion totale dans l'histoire. Efficace et captivant, ce roman sombre est une réussite de plus à ajouter à son palmarès.