Mon répertoire livresque- 28/08/2024

Une merveille

❤️ Les merveilles de Viola Ardone Éditions Albin Michel 380 pages 📚 Lecture 67 - année 2024 "L'amour est incompréhensible, une forme de folie" "Parce que des fois l'amour te console, mais d'autres fois il t'isole : l'amour est une camisole" Les merveilles traite d'un fait réel, celui de la fermeture des hopitaux psychiatriques en Italie, pour les remplacer par des unités de soins. Ce roman nous questionne sur la véracité des placements de femmes en psychiatrie par un père, un mari, un frère, en un mot un homme, seulement parcequ'elles dérangeaient ; "lunatique, mélancolique, masculine, lascive, désagréable, colérique, insolente, Bavarde, misérable, menteuse, exibitionniste, incohérente, n'informant, paresseuse, inadapté, folle." [p225] Des vies brisées.... Les merveilles, c'est le point de vue d'Elba à 15 ans (partie 1) et à 21 ans (partie 3), qui est né à l'hôpital psychiatrique. Elba est saine d'esprit et sa mère aussi, et pourtant sa Mutti subira nombreux électrochocs qui finiront par avoir raison d'elle et de sa mémoire. Elba porte un regard fabuleux et douloureux sur la conditions de ces femmes, elle rédige dans son petit carnet des diagnostics et relatent également les mauvais traitements qui leur sont infligés. Elle fera la connaissance du docteur Fausto Meraviglia (point de vue des parties 2 et 4 à l'âge de 75 ans), qui la prendra sous son aile à la fermeture de l'hôpital psychiatrique, afin qu'elle fasse des études. Fausto est égoïste, il décide pour sa famille, pour Elba, ne prend jamais rien au sérieux et pourtant il œuvre pour le bon traitement "des fous", il vit pour lui et ses convictions, le reste, comme il le dit si bien "rien à cirer" Les merveilles c'est aussi l'envol d'Elba, son émancipation et sa rencontre avec la liberté. Roman poignant, triste, bouleversant mais tellement beau. Mon passage favori : Extrait du journal des maladies du mental d'Elba NAUFRAGIE: La tristesse arrive sans un bruit d'un coin de soi qu'on ne connaissait pas. C'est comme une lampe de ténèbres qui éteint toutes les lumières une à une jusqu'à ce que la maison de l'esprit se retrouve dans le noir. On peut essayer les décharges, on peut essayer le bonbon bleu, mais ceux qui marchent le mieux, c'est la liberté. Ma mutti a été heureuse jusqu'à ce qu'elle devienne triste, c'est pour ça qu'on me l'a cachée, parce que la tristesse est contagieuse, elle vous colle aux doigts, aux yeux, aux cheveux, et elle fiche tout en l'air. 4ème de couverture : Elba porte le nom d'un fleuve : c'est sa mère qui l'a choisi. Seuls les fleuves circulent librement, lui disait-elle, avant de disparaître mystérieusement. Depuis, Elba grandit seule dans cet endroit qu'elle nomme le monde-à-moitié : un asile psychiatrique, à Naples. C'est là qu'elle pose son regard d'enfant, sur le quotidien de cette « maison des fêlés, avec dedans plein de gens qui ressemblent à des félins », nourrissant de ses observations son Journal des maladies du mental. Jusqu'au jour où le jeune docteur Fausto Meraviglia décide de libérer les patients, comme le prévoit une loi votée quelques années plus tôt en 1978, et de prendre Elba sous son aile. Lui qui n'a jamais été un bon père apprend le poids et la force de la paternité. Après le succès du Train des enfants et du Choix, Viola Ardone poursuit son exploration de l'Italie du xxe siècle. Une ode aux mots qui rendent libre et au pouvoir des femmes, par l'une des grandes voix de la littérature italienne d'aujourd'hui.