L'île du là-haut

Un titre évocateur d'évasion et de mystère, qui invite à découvrir un lieu d'isolement singulier. Adrien Borne nous entraîne au cœur du Plateau d'Assy, au pied du Mont Blanc, où se dresse un sanatorium de luxe, en racontant au travers de Marcel, son histoire sur trois périodes (1948 - 1970 et 2018). En 1948, Marcel, jeune tuberculeux de 15 ans issu d'un milieu modeste, arrive au sanatorium pour y être soigné. Pour lui, cet endroit où séjournent des patients uniquement adultes et fortunés marque un véritable exil, loin de sa mère Louise qui l’a élevé seule et de son ami d'enfance Andréa. Loin de tout ce qu'il connaît, Marcel trouve dans ce lieu une étrange liberté, à travers des liens fragiles mais profonds noués avec Gabrielle, l'infirmière au regard bienveillant, l'excentrique Scala aux mains d'or, et surtout Valentine, la lumineuse peintre chargée de recréer les fresques de la crypte. Ces rencontres dessinent pour Marcel des moments de bonheur inattendus dans ce lieu d'enfermement où il lutte contre sa maladie. Et c’est toute la beauté de ce roman. Le personnage de Marcel est attachant dans sa solitude, son rapport à la maladie mais aussi dans sa quête désespérée de connaître un père dont il ignore tout. Scala et Valentine apportent également une grande richesse à l’intrigue. J'ai été touchée par le style incisif et poétique d'Adrien Borne : ses phrases courtes et ciselées frappent le cœur, capturent l'essence d'une époque et d'un lieu. Les transitions temporelles, habilement exercées, tissent une trame riche entre le poids historique et la fiction. Un livre à savourer.