Lecoindesmots- 21/09/2020

Mitigée

C’est avec ce roman de la rentrée littéraire de cette année que je découvre enfin Franck Bouysse. S’il est indéniable qu’il a un style littéraire absolument magnifique, je dois avouer avoir refermé ce livre avec un avis en demi-teinte. Le Gour Noir est une vallée hors du temps, coupée du reste du monde. Terre recluse, qui ne répond qu’à ses propres lois. À celles de Joyce, plus précisément, tyran énigmatique qui asservit chaque habitant de cette étrange contrée. Parmi tous ces habitants, il y a quatre frères et sœurs : Marc – qui doit se cacher pour lire. Mathieu – en symbiose avec la nature. Mabel – effrontée, rebelle et qui ne rêve que d’indépendance. Et enfin, Luc – « l’idiot », comme le surnomme sa mère. À eux quatre, chacun à leur façon, ils vont remettre en cause les fondements même du Gour Noir. Cité perdue dans laquelle les hommes travaillent dans les entrailles de la centrale hydroélectrique et où les plus belles femmes sont sous le joug du proxénétisme mis en place par Joyce. Les mots de Franck Bouysse sont magnétiques, vibrants. Sa capacité à écrire la ruralité, les paysages sauvages, les relations humaines… c’est très beau, très poétique. Malheureusement, je n’ai pas réussi à totalement m’immerger dans l’histoire. Au lieu de plonger au Gour Noir avec Marc, Mathieu, Mabel et Luc, je suis restée sur le viaduc, observant tout de haut. Et de très loin. Sans aucune réelle émotion. La fin m’a laissée sur ma faim. Trop peu crédible, qui arrive tel un cheveu sur la soupe. Pourtant, le premier tiers du roman m’avait vraiment séduite. J’espère que « Né d’aucune femme » me procurera amplement plus d’émotions que ce récit, qui avait malgré tout beaucoup pour me plaire.