Lecoindesmots- 07/04/2022

Ohio dirt

J’aurais tant aimé vous dire que je me suis délectée des aventures de "Lady Chevy". Tant voulu avoir de l’affection pour cette lycéenne qui ne cherche qu’à s’extraire de son quotidien plein de crasse et de racisme. Il faut dire qu’Amy a de quoi haïr l’Ohio. Ses terres natales sont usées, polluées et épuisées par l’industrie du gaz de schiste et toutes les abjectes magouilles qui en découlent. Pour faire toujours plus de fric, il n’y a jamais de limites. D’ailleurs, Amy en est persuadée, si son frère a de telles malformations, c’est à cause de tout ça. Quant à sa famille, bien qu’ils ne veuillent que son bien, ils sont eux aussi rongés par leurs propres démons qu’ils n’arrivent à maîtriser. Entre sa mère qui quitte le nid tous les soirs, son père qui picole jusqu’à plus soif et son oncle aussi conservateur que raciste, elle est loin d’avoir toutes les chances de son côté pour enfin quitter ce trou à rats et aller à l’université. Pour y parvenir, une seule solution : travailler à l’école, s’assurer de bonnes notes et décrocher une bourse d’études symbole de liberté. Obèse, elle est la risée du lycée et n’a que très peu d’amis. Peut-être est-ce pour ça qu’elle décide de suivre Paul dans son plan aussi foireux que dangereux. Sauf que rien ne se passe comme prévu et qu’Amy voit bientôt tous ses espoirs partir en fumée. Pourtant, pour cette gamine qui a la rage au ventre, hors de question d’abandonner. Elle est prête à tout pour parvenir à son but, même au pire. Ce roman avait tout pour me plaire mais j’ai trouvé que le tout manquait de nuances, à mon grand désespoir. Entre grossophobie, racisme et rêve américain, je n’ai pas retrouvé toute la mesure qui fait de l’Ohio l’un des plus grands "swing state" des États-Unis, ici présenté (à mon sens) comme un état n’abritant que des citoyens désillusionnés et aigris. Je finirai cependant par une note positive : j’ai apprécié l’écriture romanesque de John Woods et la fluidité de la traduction de Diniz Galhos.