Tom Barbash fait preuve d’une maestria romanesque dans « Beautiful Boy »,
C’est l’un des immeubles les plus emblématiques de New York. Non loin de Central Park, le Dakota Building, construit à la fin du XIX siècle dans un style néo-Renaissance qui faisait alors fureur. Près de 70 appartements dans cette bâtisse dont la renommée ne s’est jamais démentie, et qui a abrité à travers le siècle écoulé nombre d’artistes et de personnalités célèbres, de Boris Karloff à Lauren Bacall en passant par Judy Garland, Leonard Bernstein, Rudolf Noureev ou Robert Ryan (parmi beaucoup d’autres).
Lennon pour voisin
C’est également entre ses murs, dont ses résidents aimaient à colporter le mythe qu’ils étaient hantés – et pour cette raison même – que Roman Polanski y situa « l’action » de son inoubliable et terrifiant « Rosemary’s Ba- by ». Toutefois, ce n’est ni ce film ni ces habitants prestigieux qui valent au Dakota ce qui est désormais sa légende, mais plutôt qu’il fût, dans les années 1970, le lieu de vie de John Lennon et Yoko Ono (qui en occupaient cinq appartements), et que c’est devant son entrée que l’ex-Beatle y trouva la mort, alors qu’il venait de finir la composition de son dernier album « Double Fantasy », tombé sous les balles d’un fan fou (redondance ?) nommé Mark David Chapman, il y a quarante ans, le 8 décembre 1980.
Célébrité, fille de mauvaise vie Lennon est l’un des personnages secondaires (mais qui prendra au fil du récit de plus en plus d’importance) de « Beautiful Boy », premier roman traduit en français de Tom Barbash, dont le précédent livre, un recueil de nouvelles intitulé « Les Lumières de CentralPark», avait été très justement favorablement reçu par la critique. C’est l’histoire du jeune Aron Winter qui, de retour d’une mission humanitaire en Afrique, retrouve sa fa- mille dans le splendide penthouse du Dakota et notamment son père, Buddy, animateur vedette de la télévision qui a fui les projecteurs après une dépression nerveuse. Sans doute n’a-t-on rien lu d’aussi fascinant et fasciné à la fois sur New York depuis les grands romans de Jay McInerney. Aron devient le compagnon de promenade et bientôt l’assistant, pour ses nouveaux projets d’émission, de ce géniteur auquel le lie une complicité qui l’encombre parfois autant qu’elle le flatte le plus souvent. Seulement voilà, au contact de celui-ci, mais aussi de sa rock star de voisin et bientôt ami, avec lequel il partage une passion commune pour la voile, il apprendra que la célébrité est une fille de mauvaise vie et qu’il n’est pas toujours si facile d’être et d’avoir été...
Grande sensibilité
« Beautiful Boy » (titre par ailleurs d’une chanson de Lennon dédiée à son fils Sean) est l’un de ces «bigamerican novel » dont la littérature d’outre-Atlantique nous régale de temps en temps. Sans doute n’a-t-on rien lu d’aussi fascinant et fasciné à la fois sur New York depuis les grands récits de Jay McInerney.
Tom Barbash y fait preuve d’une maestria romanesque qui n’a d’égale que sa très grande sensibilité et empathie envers ses personnages. Ted Kennedy, Reagan, les otages en Iran, John McEnroe, c’est une certaine idée de cette ville-monde qui s’étiole en ces pages en même temps qu’un jeune garçon apprend à y vivre, y ai- mer, y vieillir. Et nous avec lui.
Tom Barbash fait preuve d’une maestria romanesque dans « Beautiful Boy »,
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