Les optimistes

Un roman qui s’étire en longueurs pour notre plus grand plaisir. Nous accompagnons les personnages au-delà de leurs épreuves intimes et politiques, les époques s’entremêlent et nous nous retrouvons happé.es dans ces histoires de vies et de communautés absolument poignantes. Je m’interroge seulement sur l’autrice, cisgenre et heterosexuelle, et les dynamiques d’appropriation d’une histoire communautaire et de fetichisation des relations homosexuelles (sur les scènes de sexe...). Je me demande si c’est à elle de porter ces histoires et de nous les faire parvenir, quand celles-ci sont encore traumatiques et non-cicatrisées. J’ai pour autant remarqué qu’elle s’était elle-même interrogée dans la postface. J’aurais également aimé pouvoir le lire en anglais, car j’ai parfois eu l’impression que la traduction ne permettait pas d’appréhender les spécificités des lieux (Chicago..) et des situations (l’hôpital public, par exemple).

L'épopée de l'amitié dans la crise du sida des années 1980 à Chicago. On parle peu de ces milliers de jeunes gens dont la joie de vivre et les rêves de réussites, d'amour et d'amitié on été fracassés par la maladie, l'homophobie qui a sévit au point de leur refuser le droit aux soins, l'exclusion et le racisme dont ils ont fait l'objet. Et la force de la solidarité dans l'amitié ! J'ai beaucoup aimé 💓

Je suis très partagé sur « les optimistes » de Rebecca Makkai. Bien sûr je me suis attaché à certains personnages, notamment Yale, le héros masculin du roman. J'en ai détesté d'autres, que je ne vais pas citer ici pour ne pas déflorer l'intrigue. Bien sûr, j'ai été intéressé par ce que l'auteure décrit de la vie de jeunes adultes homosexuels masculins à Chicago au milieu des années 1980, c'est le côté « Chroniques de San Francisco » du livre. Bien sûr aussi j'ai été ému par le récit des ravages de l'épidémie de SIDA dans cette partie de la population et des combats qui ont été menés alors par les plus lucides et les plus engagés pour améliorer la situation des malades, les descriptions sont crues, les espoirs ne sont pas déçus parce qu'il n'y en a aucun. Bien sûr, plusieurs scènes m'ont tiré quelques larmes (autant que le dernier tête-à-tête à l'hôpital dans « Philadelphia », bien que je ai vu ce film cinq ou six fois). J'ai lu assez facilement les 600 pages du bouquin. Pourtant je n'arrive pas à considérer ce livre comme un grand roman. Il y a d'abord la construction narrative qui me paraît extrêmement sommaire : un chapitre en 1985 alterne avec un chapitre en 2015 suivi d'un chapitre en 1985 qui précède un chapitre en 2015, etc. Il y a ensuite que je suis très agacé par ce qui me semble être un cliché inutile : tous les gays ne sont pas journalistes, galeristes, photographes, avocats, médecins, étudiants en histoire de l'art...Peut-être qu'un tel livre existe déjà, je ne le connais pas en tout cas, mais je voudrais lire un jour quelque chose sur l'homosexualité chez les bouchers-charcutiers, les ouvriers agricoles ou les aide-comptables. Enfin je ne suis parvenu à être tenu en haleine par aucune des deux intrigues du roman : celle concernant Nora et la collection de tableaux qu'elle veut léguer à la galerie où travaille Yale, celle concernant Fiona et sa fille. Et mieux vaut ne rien dire du lien entre les deux époques tant il m'a paru ténu !

Un livre tout en nuances et subtilités malgré les drames qui se succèdent et qui vous embarque doucement dans la peau de Yale et ses amis. Jusqu'au moment où ouvrir le livre devient autant une irrésistible envie qu'un moment douloureux que l'on repousse tant on s'est attaché aux personnages et à leur univers grâce à une écriture incroyablement juste et belle qui sait relever, sans jamais trop appuyer, la beauté, la douleur, la nostalgie d'un instant.

J'ai bien aimé cette fresque historique qui nous baigne dans le Chicago gay des années 80. C'est l'arrivée du SIDA. On suite un groupe d'amis qui va être touché de plein fouet par l'épidémie. Une partie du roman se passe également 30 ans plus tard, progressivement des ponts sont faits entre les deux périodes et lèvent le voile sur les évènements qui ont eu lieu dans l'intervalle. J'ai apprécié comment les liens évoluent entre les protagonistes au fil du roman. C'est également très bien documenté et j'ai appris pas mal de choses. Par contre ce que j'ai vraiment trouvé grossier c'est le suspense qui se crée entre les 2 temps de l'histoire : qui est encore vivant 30 ans plus tard, qui a eu le SIDA, qui ne l'a pas eu ! Bref, pas du meilleur goût à mon avis. Le style me fait un peu penser à du Donna Tartt (en moins puissant toute fois).