Le deuxième roman de l’Italienne Letizia Pezzali a reçu un accueil très élogieux et sera prochainement porté à l’écran. Juste récompense.
À la lecture du roman de cette jeune auteure italienne, unanimement distinguée par la critique, on pense à cette sentence de Jack Kerouac : “Un jour je trouverai les mots justes, et ils seront simples.” Letizia Pezzali aurait réussi cette prouesse : son écriture est substantielle, lapidaire, alors qu’elle épouse les méandres du désir et fouille inlassablement les recoins de l’âme. Encore plus remarquable, l’analogie, quasi permanente, entre l’analyse des relations humaines et les distorsions opérées par les marchés financiers.
Letizia Pezzali sait de quoi elle parle. Elle a travaillé plusieurs années dans une banque d’affaires à Londres. Comme son personnage Guilia, 32 ans, qui officie dans le quartier de Canary Wharf où “chaque édifice dissimule une angoisse vibrante : la possibilité de la destruction”.
Entre humour et désespoir
Alors qu’elle est encore étudiante à Milan, elle rencontre Michele, de vingt ans son aîné, invité par son université. Au début, ils parlent efficience ou instabilité des transactions. Au fil des rendez-vous, la tension érotique se change en dépendance. La passion pour celle qui abreuve de SMS son amant très marié et père d’un jeune enfant. Sa frénésie cache bien sûr un vide. La séparation d’avec le fringuant économiste la conduit, deux mois plus tard, à disséquer nos défaites “sentimentalo-existentielles”. La proportion au risque dans la finance n’est pas plus à redouter que celle éprouvée dans le couple.
Quelle maîtrise ! Quelle justesse ! Point de vision manichéenne ni de réquisitoire anti-Wall Street. La “loyauté” réside aussi. Une façon doucement triste d’être au monde combinée à une ironie furtive : “Aujourd’hui, je me sens aussi joyeuse que le triptyque de Francis Bacon sur la crucifixion.” La frontière entre humour et désespoir se fait très incertaine et l’érotisme est toujours associé à une démarche épistémologique. C’est là l’étrange force de ce livre.
“Loyauté” ou la mécanique du désir
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