Pierre- 11/11/2022

Livre d’une densité exceptionnelle !

1998, les États-Unis sont en pleine affaire Monica Lewinski et une procédure de destitution du président Clinton est en cours de vote. C’est dans cette temporalité qu’a choisie Philip Roth pour situer le récit de son livre. Coleman Silk, professeur d’université, va voir sa vie basculer, suite à des propos qu’il a tenus envers deux élèves absentéistes. Il a qualifié ces derniers de « Zombies » sans se douter de la connotation raciste de cette remarque. Dénoncé par ses élèves et abandonné par sa hiérarchie, Coleman Silk gardait pourtant en lui un secret susceptible de l’innocenter. Il va assumer les conséquences de ce choix en démissionnant de l’université. Dans un ultime effort pour laver son honneur, il se tourne alors vers le romancier Nathan Zuckerman, afin qu’il narre son histoire. Ce dernier va découvrir la nature de ce secret, et mettre en lumière les contradictions d’une société américaine rongée par son puritanisme et les conséquences de son passé ségrégationniste. La Tache de Philip Roth est le huitième et avant dernier volet du cycle « Nathan Zuckerman » (l’alter ego de Roth). Il peut être lu indépendamment des autres et sans ordre précis. D’emblée ce qui frappe chez l’écrivain, c’est son analyse au scalpel de la société américaine et de ses contradictions. Il élabore une galerie de personnages, pas toujours facile à aborder, c’est vrai, mais dont la richesse psychologique est telle qu’on ne l’a que rarement rencontré dans la littérature. Chaque personnage à sa nature propre et émet des réflexions sur son environnement, son rapport à l’autre, ses aspirations dans la vie… Les réflexions sont si poussées qu’on a l’impression que les personnages prennent vie, indépendamment de la plume de l’auteur. Une œuvre d’une densité exceptionnelle ! Ma rencontre avec Philip Roth fut marquante à plus d’un titre. Et il me tarde d’explorer le reste de son œuvre littéraire.