SudOuest- 15/05/2020

Carpe diem au bord de l’eau

Voici déjà quatre ans que les excellentes éditions Do de Bordeaux publiaient un petit chef-d’œuvre tchèque. Les lecteurs français découvraient « Comment j’ai rencontré les poissons » et son auteur Ota Pavel, né le 2 juillet 1930 à Prague et mort à l’âge de 43 ans. De lui, on sait qu’il a travaillé comme mineur, représentant de commerce et journaliste sportif, qu’il a fait de nombreux séjours en hôpital psychiatrique et qu’il a signé un autre livre, « À chacun sa part de gâteau », égale-ment traduit par l’éditeur girondin.Folio reprend aujourd’hui en poche cette épatante suite de cours chapitres. Le jeune narrateur a deux frères, Hugo et Jirka. Une maman, Hema, qui rêve de se baigner au moins une fois dans une mer tiède. Un papa, Leo, qui est un sacré numéro doublé d’un « voleur de cœurs ». Avant, il vendait des extincteurs de fabrication nationale.Maintenant, il est représentant de commerce en aspirateurs et réfrigérateurs estampillés « madein Sweden » pour Electro-lux.Homme à l’âme « pro-fonde et sensible » bien que prêt à casser la gueule aux idiots, ce papa n’aime rien tant que pêcher. Au point d’être capable d’investir dans un étang à carpes qui va s’avérer être une sacrée arnaque. Son cadet nous raconte une enfance d’avant-guerre où il doit apprendre à se méfier des rivières meurtrières tout en commençant à pêcher barbeaux et anguilles. Avant que les Allemands n’entrent en Tchécoslovaquie et ne changent radicalement la donne...« Une lecture physiquement contagieuse qui produit des bulles de joie sous la peau »,écrit Erri De Luca à propos de « Comment j’ai rencontré les poissons ». Pas mieux ! - Alexandre Fillon