La bête. Vol. 2

Une revisite du Marsupilami que je ne peux que vous recommander ! Avec la bête, Zidrou et Franck Pé nous embarquent dans une aventure poignante et pleine de tendresse bien loin de l’univers humoristique auquel nous étions habitués avec le Marsupilami. J’avais adoré le premier tome, cette suite ne m’a pas déçu. Dès les premières pages nous sommes captivés par l’histoire et la richesse des dessins.

Protéger. Défendre. Envelopper. Veiller. Chacun à son tour. En fonction des situations. Lorsqu'on a envie. Parce qu'on a pas le choix. Car il y a un besoin. Car c'est naturel. Des peurs, des angoisses, de la nuit qui tombe trop tôt, du dimanche soir qui déprime, du froid qui arrive quand le soleil s'en va. On alterne les casquettes, on échange nos rôles, on fait à l'instinct. La où on est bien. Dans ce second tome tant attendu de "La bête", on trouve les opposés. La force animale de l'un, la fragilité infantile de l'autre. Tour à tour ils sont protecteurs et protégés. Force et faiblesse. Instinct et intelligence. Hargne et bienveillance. Dans un ballet qui ne s'arrête jamais, ils sautent, s'accrochent, s'enfuient, se terrent, luttent, partagent, vivent. Ca ne s'arrête jamais, on tourne les pages à la vitesse des scénettes qui s'enchainent. Benoît Drousie parle notre instinct primaire, celui qui nous pousse a tout donner pour protéger les nôtres. Il complète les histoires parallèles, réconcilie les gens, les séparent à nouveau, et donne à l'ensemble des deux tomes un équilibre cohérent et très réjouissant. Bon, ce qui fait la force de ce second tome c'est bien évident les dessins de Frank Pé. Juste incroyables. Les planches crayonnées respirent de vies, d'ambiances et d'odeurs. On est avec eux à chaque instant, pris dans les lumières d'un Bruxelles tantôt inquiétant, tantôt illuminé mais toujours splendide de réalisme. Peu importe nos genres et nos caractères on a tous besoin de se retrouver dans un abri aimant et attentif. On sent les choses et on réagit souvent avec ce prisme, de façon égoïste ou altruiste peu importe. L'amour c'est aussi ca, savoir adapter son comportement dans la valse des tournis de la vie.

Quelle réussite, quelle brillante adaptation ! Si vous cherchez un Marsupilami tout choupinou, une histoire pour endormir les petits enfants avec des blagounettes un peu niaiseuses générées à la pelle par une IA dégénérée… passez votre chemin ! La bête, une histoire de caractère, avec quelques messages biens vus au milieu d’un Bruxelles au sortir de la 2e guerre. C’est dur et violent, ça parle d’amour, d’enfance et d’animaux. Une histoire qui peut déraper à tout instant et qui reste sur le fil tout du long. Et si ce deuxième tome est peut-être un micro-poil en dessous de mes attentes, reste une magnifique réinterprétation de la créature de Franquin !