Un océan, deux mers, trois continents

L’histoire se passe au XVIIe siècle au Congo et sur l’océan Pacifique, entre l’Afrique et le Nouveau Monde. Le héros de l’histoire est un jeune prêtre naïf envoyé par le roi du Congo auprès du pape dans un objectif de demander l’abolition de l’esclavage. Pour se rendre au Vatican, il doit prendre un navire qui passe d’abord par le Brésil avant de rejoindre l’Europe. Mais le navire est chargé d’esclaves ; c’est alors qu’il réalise l’ampleur de la cruelle vérité… J’ai aimé l’écriture riche et poétique, les descriptions très variés autant sur la richesse du pays, son histoire, ses racines, que sur la cruauté humaine, le malheur et l’espoir. Je n’ai pas aimé l’amitié entre le prêtre et la femme dont l’intervention dans le roman ne me paraît pas pertinente. Coup de cœur coups sur l’écriture poétique de l’auteur.

Lire cet ouvrage est un chemin vers la connaissance et une prise de conscience de ce qu’était notre passé, rude et vaniteux. Le personnage principal nous transporte dans une prédestination, vraie, humaine et redoutable pour mener à bien une mission : dénoncer l’esclavage. Cela redonne foi non pas en Dieu mais en la vie humaine.

Bien que j'ai trouvé l'histoire passionnante, les récits relatifs à l'esclavage m'ont tellement été durs a lire que j'ai dû abandonner ce livre.

Voyage d'un jeune prêtre du Kongo, début du VII siècle, entre son Afrique natale et le Vatican, avec pour mission dénoncer l'esclavage. Ce roman confronte pouvoirs- croyances - exploitation des autres - vocation.

Un océan, deux mers, trois continents, de Wilfried N'sondé. Actes Sud, Janvier 2018, 270 pages. 20 euros. Dans ce livre vous apprendrez, par exemple, que le Royaume du Kongo, selon la mythologie propre au peuple des Bakongos, fut fondé dans les temps immémoriaux par 9 femmes. Refusant le joug et la tyrannie de leur roi, elles décidèrent de braver l'interdit de ce patriarcat totalitaire pour s'enfuir et aller fonder une société matriarcale (oui oui c'est possible) sur des terres fertiles qu'elles nommèrent Kongo, signifiant dans leur langue "le lieu où il ne faut pas se rendre", pour que jamais ne soit oublié l'audace, le courage et la fierté dont elles avaient fait preuve plutôt que de se résoudre à accepter leurs destinées condamnées. Partant de ce mythe originel, Wilfried N'Sondé nous dresse le portrait d'un personnage historique peu connu : Nsaku Ne Vunda. Né en 1583 et très vite devenu orphelin, il trouva dans la religion catholique un exutoire à sa solitude grâce à l'éducation des missionnaires portugais présents dans le Royaume depuis 1485. Pensons-en ce qu'on veut, mais dans son expérience personnelle, la religion catholique et la religion Kongo n'étaient pas diamétralement opposées, il y trouva même des points de convergence. Cependant la religion étant ce qu'elle est, elle a tendance à être dévoyée de ses principes originaux le plus souvent par ceux qui clament haut et fort en être les plus fervents défenseurs. Baptisé Dom Antonio Manuel le jour de son ordination, il effectuera un travail auprès des plus démunis dans le petit village de Boko, les aidant grâce à une douceur et une candeur des plus rares à transcender toutes leurs difficultés. Son travail étant reconnu et apprécié par sa hiérarchie, il sera amené jusqu'à la capitale et chargé par le Roi d'une mission bien particulière auprès du Pape. Démarrera alors un voyage, que dis-je, un périple voir un calvaire sur un océan, deux mers et trois continents, l'occasion pour Wilfried N'Sondé de dresser un portrait édifiant des conditions de mises en esclavage de l'époque, chose que Nsaku avait ouï-dire dans son village, et qu'il constatera de ses propres yeux bien malgré lui, mettant sa foi en Dieu et en l'homme à mal. Ignorant qu'il embarque pour effectuer le circuit triangulaire, il se dirigera vers le Nouveau Monde pour ensuite revenir vers l'Ancien. Confronté donc à la tentative méthodique de réduire un peuple à l'état de bêtes en le traumatisant pour le rendre docile, il sera par la suite également traqué par l'Inquisition, lui faisant perdre tout repères, lui qui sera traité d'hérétique alors qu'il fut sûrement un des plus intelligents défenseurs de la religion catholique de son temps. Cependant, et malgré toutes les épreuves qui se présenteront à lui, il ira jusqu'au bout et rencontrera le souverain pontife dans un dernier acte magistral dont il avait le secret. C'est un récit dur et tragique dans ce qu'il a d'historique, profondément ancré dans le réel et peuplé des souffrances propres à cette époque, montrant aussi le peu d’intérêt et de compassion des hautes instances de l’Église envers les victimes de ce commerce esclavagiste innommable, mais Wilfried N'Sondé a le talent d'écriture nécessaire pour donner à ce texte une puissance spirituelle et une beauté poétique qui magnifie les vertus de tolérance et d'espérance nécessaires à l'épanouissement d'un idéal pacifique. "Quatre femmes décidées, nues comme au premier jour, enchaînées les unes aux autres, trouvèrent la voie vers la rambarde. Elles basculèrent. Je les vis, libres pour leur dernier voyage, voler un instant dans le vide entre Le Vent Paraclet et les vagues. Portées par le vent, elles planèrent au-dessus de l'absurde et de la cruauté en une trajectoire élégante. Se soustraire à l'arbitraire, se prouver que l'on vit encore. Elles disparurent à jamais, couchées au fond de l'Atlantique. Longtemps leur passage laissa des traces circulaires à la surface de l'océan comme un ultime hommage. De quelle essence étaient constitués leurs geôliers? La mer avait accueillie ces filles avec douceur, alors qu'eux les maintenaient en vie au fond du bateau dans le seul but d'abuser et de profiter d'elles en leur infligeant toujours plus de tortures." #WilfriedNsondé #Nigrita #ActesSud #Rentréedhiver2018 #Unocéandeuxmerstroiscontinents