LTI, la langue du IIIe Reich : carnets d'un philologue

Rédigé à partir des notes prises par l’auteur (professeur d’université juif, ayant échappé au camp grâce à son mariage avec une “aryenne” allemande comme lui ) pendant 12 longues années de nazisme, le livre est éclairant à la fois par son arrière-plan, absurdités du régime, vie quotidienne remplie d’humiliations et dégradations qui semblent inimaginables - et pourtant… - et son analyse précise des déformations de la langue (et de l’impact que cela peut générer sur les états d’ esprit , les attitudes , notamment chez les enfants qui n’auront entendu que cette langue à l’école). Très accessible même pour les non-germanophones, dont je fais partie. La mise en parallèle des evolutions de la langue, des expressions, et du cours de la guerre - la rhétorique devient de plus en plus exagérée, l’impact sur la façon de s’exprimer et les réflexes de tout un peuple (y compris les victimes) de la manipulation de quelques-uns seulement - Goebbels tout-puissant : le panorama est effrayant. Important d’en prendre conscience, qui peut dire qu’il est impossible que cela se reproduise … beaucoup dans les années 20 et 30 ne pouvaient sûrement pas l’imaginer non plus !!

Une œuvre magistrale par un auteur dont il faut absolument lire aussi le journal tenu sous le nazisme. Un monument!

Témoignage passionnant du philologue Klemperer qui, malgré la condition à laquelle il est soumis pendant le régime nazi, s’astreint à faire le témoignage du changement du langage sous l’impulsion de Goebels. Ce projet est pour Klemperer une corde à laquelle il s’accroche pour survivre et ne pas sombrer dans la fureur, conscient de l’ambiguïté terrible qu’il ressent : sa judéité factuelle et son attachement naturel à sa germanité. Un livre difficile, exigeant mais fort et nécessaire.