Paluel, 20 ans d'énergie

Construite entre 1976 et 1986, la centrale électronucléaire de Paluel comprend quatre réacteurs de 1300 MW, entrés en service à partir de 1984, ce qui en fait le second site français en capacité de production. Avec son architecture pensée par le Collège des architectes, son insertion dans le site confiée à un paysagiste, sa technologie innovante car il s'agit d'un réacteur prototype, cette centrale EDF a transformé la vie d'une région. À l'annonce du projet, qui ouvre le temps de la discussion, de l'explication et de la contestation, succède la période du chantier avec ses milliers d'ouvriers et ses convois de déblais et de matériels. La phase de l'exploitation suppose également l'arrivée et la formation de centaines de personnes qui doivent trouver leur place, aussi bien dans le site qu'à l'extérieur. Comment dépasser les représentations collectives autour du nucléaire pour faire l'histoire d'un site en exploitation ? Comment considérer la dimension régionale d'un grand programme technique national ? De quelles logiques relève l'implantation de l'énergie nucléaire dans le territoire ? Écrire l'histoire de la centrale nucléaire de Paluel invite l'homme de l'art à pénétrer dans un lieu d'histoire industrielle en train de se faire... Les questions qu'implique cette situation ont conduit le Comité d'histoire de l'électricité de la Fondation EDF à soutenir l'initiative du Centre nucléaire de production d'électricité de Paluel. Des études passées ont prouvé tout l'intérêt du programme nucléaire comme objet historique mais les monographies de site demeurent peu nombreuses. Cet ouvrage souligne les spécificités du site de Paluel. Spécificités architecturales, techniques avec les avantages et inconvénients d'être situé en bord de mer, mais aussi sociales, professionnelles, politiques, économiques qui donnent une identité à un site et à ceux qui y travaillent. La centrale électronucléaire de Paluel n'est pas un vaisseau high-tech échoué entre deux falaises d'albâtre, étranger à son environnement, mais bien la rencontre d'un programme national et d'une configuration locale, une construction socio-politique dont les acteurs locaux ont été les maîtres d'oeuvre.